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- Chronique -
Déconfinement : les arbitrages ne doivent pas être les mêmes partout et pour tous !
La valse des milliards d’euros injectés pour éviter l’effondrement économique de tout un pays rivalise avec les statistiques des décès et malades du Covid-19, avec celles des hôpitaux qui débordent et avec les chiffres de l’explosion de la facture pour les budgets sociaux. C’est entre ces priorités contradictoires que le gouvernement a fait ses arbitrages
Par pour Le blog de François Alfonsi le 30/04/20 0:22

La valse des milliards d’euros injectés pour éviter l’effondrement économique de tout un pays rivalise avec les statistiques des décès et malades du Covid-19, avec celles des hôpitaux qui débordent et avec les chiffres de l’explosion de la facture pour les budgets sociaux. C’est entre ces priorités contradictoires que le gouvernement a fait ses arbitrages, et il ne les fait pas sans arrière-pensées. Et ils ne sont probablement pas bienvenus pour la Corse.

La première priorité, celle qui a amené à la décision du confinement en mars, juste après que le maintien irréfléchi des élections municipales ait permis au virus de se répandre encore plus facilement, avait un objectif qui semble progressivement être atteint : freiner, puis réussir à « mettre sous contrôle » la propagation du virus qui infecte la population.

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La tourmente de la pandémie peut se comparer avec les phénomènes des grands incendies. Le feu épidémiologique est parti d’une imprudence, d’un risque mal évalué quand les premiers échos de la maladie arrivaient de Chine. Quelques étincelles à Mulhouse, dans l’Oise et en Savoie ont déclenché le sinistre en France, qui a aussitôt atteint la Corse.

Ce feu naissant a alors été traité avec négligence, et il a fini par embraser le pays, Corse y compris, particulièrement Aiacciu qui a été déclaré comme un « cluster » , un foyer de l’épidémie. L’Alsace, Paris, et plusieurs autres clusters ont connu des semaines très difficiles, et le confinement, allié à des mesures d’urgence, pour le transfert de malades, l’équipement de nouveaux lits de réanimation en urgence, et autres exploits professionnels dans les centres de soins, a réussi à faire baisser l’intensité de la flambée contagieuse qui avait un instant menacé de déborder largement tout le système de santé.

La courbe des infections décroît, signe que l’efficacité est au rendez-vous au plan sanitaire, mais, par contre, la capacité de résistance de la société, confinée, au chômage forcé, figée et menacée d’un krach économique qui angoisse toute la population active, commence à croître dangereusement.

Déconfiner, c’est commencer à relancer la machine économique et espérer éviter le krach économique absolu. Mais l’échec d’un déconfinement trop hâtif aggraverait terriblement la situation. Il faudrait confiner à nouveau une population qui cette fois sera à bout et qui n’acceptera pas de gaité de cœur de basculer dans la précarité au fur et à mesure que les entreprises qui les emploient feront faillite.

Pour déconfiner dans des conditions raisonnables, il fallait au moins deux choses : obliger les gens désormais libres d’aller et venir à participer à la distanciation-barrière qui empêche le virus de se propager de proche en proche. Mais on ne va pas se balader avec un mètre ruban et verbaliser chaque fois que moins d’un mètre sépare deux individus ! Par contre, l’obligation du port d’un masque peut être décrétée, et l’infraction éventuelle constatée aussitôt sur la voie publique. Encore faut-il avoir des masques en quantité suffisante à proposer à la population !

Deuxième préalable : pouvoir tester systématiquement la population pour aller au devant des malades qui s’ignorent et les isoler avant qu’ils ne multiplient les rencontres et les contaminations. Encore faut-il avoir assez de tests à proposer aux gens !

D’où les choix du gouvernement d’un déconfinement le 11 mai, pour que le sinistre épidémiologique soit encore mieux sous contrôle, et, sans doute, parce qu’il fallait attendre cette date pour avoir des stocks suffisants de masques et de tests de détection.

Le gouvernement a décidé de mettre la priorité sur l’ouverture des écoles des plus petites classes. Son arrière-pensée est que cela va libérer beaucoup de salariés cloués chez eux pour garder leurs enfants, et donc libérer la force de travail nécessaire à une relance économique. Les plus grands des élèves, eux, seront dispensés de reprendre les cours jusqu’à septembre. Car ceux-là ne sont gardiennés par personne !

Voilà donc la priorité assumée pour la France, décidée à Paris. Aurait-on la même priorité pour la Corse ? Je ne le pense pas. Ici la priorité est de faire en sorte d’arriver à éliminer toute suspicion de contagion, pour que le plus tôt possible le tourisme puisse repartir à partir d’une clientèle française autorisée à se rendre sur l’île en avion ou en bateau, ce qui n’arrivera pas tant que la Corse ne sera pas réputée exempte de tout risque de contagion.

Dès lors il me semble déconseillé d’ouvrir les écoles et ce qui va avec, les transports scolaires et les cantines, et les parents agglomérés à chaque sortie de classe comme c’est souvent le cas pour les plus petits : le risque est trop grand, surtout dans le « cluster » de la région ajaccienne.

Le plus urgent pour la Corse, c’est d’être déclarée « coronavirus free » ! Nous devons pouvoir déroger totalement au plan décidé à Paris, ne pas réouvrir les écoles de Corse et écarter ainsi un risque inutile. Ce communiqué est paru sur Le blog de François Alfonsi