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Touche pas à mon bonnet rouge
Touche pas à mon bonnet rouge
- Chronique -
Carnet d'un Bonnet Rouge n°5 : Face à l'extrémisme de droite (+ rajout du 15 octobre)
"Une personne adoptant un point de vue extrémiste est persuadée de détenir « la » vérité. Elle considère a priori comme faux ce qui ne va pas dans son sens
Par Jean-Pierre Le Mat pour JPLM le 13/10/14 18:24

"Une personne adoptant un point de vue extrémiste est persuadée de détenir « la » vérité. Elle considère a priori comme faux ce qui ne va pas dans son sens (…)" (Wikipedia).

Tous les extrémistes ne se ressemblent pas. L'extrémiste de gauche se réclame d'une construction idéologique cohérente. L'extrémiste religieux aussi. L'extrémiste de droite n'a pas à sa disposition des penseurs du même calibre que Marx ou les Pères de l'Eglise. Pour imposer sa vérité, il ne peut avancer que des affirmations arbitraires, souvent violentes, parfois loufoques : pureté ethnique, uniformisation culturelle, soumission absolue à une institution. L'extrémiste de droite voudrait réduire la société à ce qu'il est capable d'en comprendre.

L'extrémiste de droite n'aime pas les Bonnets Rouges, tout en étant fasciné par ce mouvement. Nous sommes vraiment trop hétéroclites. Trop désobéissants. Trop humains.

Voici ce que dit Boris Le Lay sur le site d'extrême-droite Breizatao.com, à propos des Bonnets Rouges : "Tout a commencé en novembre 2013 à Quimper. Et tout y a fini le même jour. (…) Quand le 'rassemblement festif de Carhaix' fut annoncé, nous et nous seuls déclarions que ce mouvement était mort-né, qu'il était inutile de le soutenir." (voir le site) "Comme nous nous félicitons d'avoir appelé à abandonner ce mouvement dès l'appel à manifestation à Carhaix !" (voir le site)

La Bretagne de Boris Le Lay et de ses minables suiveurs est une sorte d'heroïc fantasy, irréelle et incohérente. Fascinés par les faits divers morbides, ils se limitent à insulter de façon anonyme ceux qui s'engagent et prennent des risques pour leur pays.

D'autres extrémistes de droite, comme les "Identitaires", ont une vision à la fois plus réaliste et plus déprimante. L'ambivalence envers les Bonnets Rouges prend des formes mesquines : dépôt du nom "Bonnet rouge" à l'INPI, désinformation, suspicion systématique sur les meneurs.

L'extrémiste de droite ne s'identifie pas à une doctrine, mais à un comportement : saboter les projets collectifs, semer la division, dénoncer, mentir, salir.

L'extrême droite prospère sur la détresse sociale, en la transformant en haine et en désespoir. Le mouvement des Bonnets Rouges est une alternative, pour plusieurs raisons.

1 - Il s'est construit sur la diversité. Il est, par son origine même, très éloigné de tous ceux qui croient détenir une vérité unique.

2 - Il rassemble ceux qui refusent le déclin de la Bretagne. L'extrémiste, lui, ne cherche pas la réussite, mais la vérité. L'échec, le sien et celui des autres, est même une condition nécessaire, souvent inconsciente, pour que sa vérité reste inchangée.

3 – Les sociologues définissent le sectarisme, dont l'extrémisme politique est une des formes, par le purisme et l'exclusion. Les défauts souvent reprochés aux Bonnets Rouges sont que nous n'avons aucune pureté idéologique et que nous ne savons pas exclure.

4 - Les Bonnets Rouges se regroupent autour des valeurs traditionnelles bretonnes : loyauté, courage, travail, curiosité pour tout ce qui est étrange ou étranger. L'extrémiste politique fonctionne selon d'autres schémas mentaux. Il n'a aucune curiosité, qu'il compense par l'arrogance. Il fait des hiérarchies partout ("Je suis plus Breton que toi"). Il confond la haine et la force. Il n'existe qu'en condamnant les autres.

5 - Nous voulons gagner et faire gagner la Bretagne. "Perdre et faire perdre" pourrait être le vrai mot d'ordre des extrémistes de droite. L'espoir, la bienveillance et le goût de l'action leur font défaut. Comment pourraient-ils participer à une ½uvre collective, construire la Bretagne ?

Jean Pierre Le Mat

Rajout du 15 octobre

Plusieurs commentateurs me disent que l'article ci-dessus n'est pas explicite. J'en prends acte. Je vois à cela plusieurs raisons.

J'ai essayé de définir l'extrême-droite par son comportement. J'ai limité mes exemples au site Breizatao.com et aux Identitaires. Or, "extrême-droite" est utilisé couramment pour qualifier un parti français, le Front National, et un parti breton, Adsav ! . Je ne suis pas sûr que cette qualification fasse avancer la réflexion. Elle permet de diaboliser et non pas d'analyser. Il faut d'autres mots et d'autres concepts pour comprendre l'émergence et l'attrait de ces mouvements, qui ne sont pas réductibles à l'alternative droite-gauche. Serait-ce l'arrivée en Europe de ce que les Américains appellent "républicains", alors que je serais plutôt un "démocrate" ?

Le site Breizatao possède tous les attributs de l'extrême-droite d'autrefois. Il s'en réclame, d'ailleurs. Le fait que mon article ne soit pas clair est peut-être dû au rapport sentimental que j'entretiens avec ce site. Je prends un plaisir de plus en plus vif à contempler la rage impuissante de Boris Le Lay quand il s'en prend à moi. J'ai craint un moment d'être oublié, dépassé par Gérard Bernard, Visan Ar Floc'h ou Eric Nodé. Mais non. La raison pour laquelle Boris Le Lay m'en veut demeure, et elle demeurera toujours. Les psychanalystes ont un mot pour cela : c'est le "meurtre du père". J'ai connu les anciens Breiz Atao, que Boris peut seulement imaginer et caricaturer. J'ai fréquenté les activistes irlandais. J'ai été en première ligne de combats bretons, en particulier dans le cadre de l'insoumission à l'armée et aujourd'hui des Bonnets Rouges. Boris n'aura jamais le courage d'être présent, d'être en première ligne, et il le sait. Je retrouve certaines de mes analyses, par exemple sur le régionalisme, dans ses articles.

Comme Dark Vador s'adressant à Luke, le temps est venu de lui dire : "Boris, je suis ton père !"

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