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- Chronique -
Une version édulcorée de l’exposition « Celtique ? »
Pour tenter de mettre fin à la polémique qui ne cesse d’enfler, le Musée de Bretagne a réécrit certains textes de son exposition “Celtique ?”. Mais la nouvelle version risque fort de ne pas calmer les esprits…
Par Yann-Vadezour Ar Rouz pour JUSTICE POUR NOS LANGUES ! le 18/08/22 10:41

L’exposition “Celtique ?”, qui présentait l’identité celtique comme un mythe, était apparue délibérément orientée. La polémique allant croissant, la directrice des Champs libres avait annoncé que les textes de l’exposition seraient corrigés au cours de l’été. C’est chose faite, ces textes ont été revus et devraient être affichés prochainement au Musée de Bretagne. Mais, le problème de fond, qui avait été soulevé, ne semble malheureusement pas avoir été convenablement pris en compte.

Les textes de l’exposition “Celtique ?” étaient particulièrement tendancieux, ainsi que cela avait été mis en évidence, tout d’abord par le musicien Alan Stivell[1], puis par le sociologue Ronan Le Coadic[2], et, enfin, par l’auteur du présent article[3], si bien que la Direction de l’éducation et des langues de Bretagne du Conseil régional de Bretagne avait ensuite été alertée[4]. Après quoi, conformément à ce qui avait été annoncé[5], ces textes ont été récemment corrigés et sont actuellement en attente d’impression[6]. Selon Ouest-France, la première version de l’exposition avait « été validée par un comité scientifique réunissant quinze experts de haut niveau »[6]. Cette dernière information peut, cependant, être mise en doute, car les textes ne semblent pas avoir eu l’aval de certains membres du comité scientifique de l’exposition, comme ces derniers l’ont fait savoir[7].

Le but de l’exposition a été expliqué par une membre de son conseil scientifique. Cette dernière indique, en effet, en fin de vidéo de présentation de l’exposition[8], située à la page d’accueil du site de l’exposition[9] : « C’est tout l’enjeu de l’exposition que d’expliquer comment cette image a été construite, par qui et pourquoi ». Seulement, l’exposition s’est avérée incapable de répondre avec un minimum d’objectivité à ces questions, puisque les sources avaient été soigneusement sélectionnées de manière à aller dans le sens de la conclusion définie par avance, à savoir que l’identité celtique des Bretons était une construction des Bretons eux-mêmes. Manon Six, la commissaire de l’exposition, avait d’ailleurs indiqué clairement que cette conclusion relevait d’un parti pris : « Notre parti pris est véritablement, en effet, d’insister sur le caractère de la construction de ce message et de cette identité celtique. »[10] Et Laurence Prod’homme, responsable de la recherche au musée, n’a fait que confirmer : « Nous avons voulu montrer en quoi tout ça est une construction, un récit qui s’est construit au fil du temps ».[6]

Comme le site Internet de l’exposition, dans sa première version, reflétait fidèlement le contenu de l’exposition présentée au Musée de Bretagne, il est raisonnable de penser qu’il en va de même pour la deuxième version, qui est d’ores et déjà en ligne[9]. Or, cette nouvelle version révèle que le procédé manipulatoire n’a pas réellement été remis en question. L’épilogue focalise toujours sur une construction volontaire de l’identité celtique : « L’image de la « Bretagne celtique » a été l’objet d’une longue construction. »[11] Les données allant à l’encontre du message qu’ont voulu faire passer les personnes à l’origine de l’exposition, comme Manon Six et Laurence Prod’homme, ne sont pas vraiment pris en compte dans la conclusion, quand il ne sont pas tout bonnement absents de l’exposition. Plusieurs exemples peuvent être donnés.

Premièrement, il n’est toujours pas fait référence à la littérature franque, puis française. Ainsi, le contenu de l’exposition n’évoque toujours que le discours des intellectuels bretons sur l’identité celtique en Bretagne, sans faire figurer à aucun moment, que les Bretons ont été qualifiés de Celtes, et de manière dévalorisante, depuis le haut Moyen-Âge par les auteurs francs puis français, ainsi que Ronan Le Coadic l’a mis en évidence, alors que les deux phénomènes sont évidemment liés, puisqu’il s’agissait pour les Bretons, selon le sociologue, « d’inverser le stigmate »[2].

Deuxièmement, les historiens français ne sont pas non plus mentionnés. Bernez Rouz a pourtant mis en avant que « c’est […] un des plus grands historiens français, Augustin Thierry qui assoit le concept de Bretagne et de Gaule celtique » et que « ses travaux au début du XIXème siècle ont un écho immédiat en Bretagne [où] se créent 8 sociétés savantes, regroupant 500 membres actifs qui remuent notre terreau historique hors des sources grecques et latines »[12]. Cela contredit clairement l’idée que fait passer l’exposition d’une construction identitaire qui serait à attribuer aux seuls intellectuels bretons, puisqu’ils n’ont fait que se baser sur les connaissances historiques de leur temps et qui n’étaient pas de leur fait.

Troisièmement, il n’est pas fait non plus état de la recherche allemande sur les Celtes, et des conséquences de cette recherche en Bretagne. Or, Bernez Rouz note que « c’est en Allemagne très en avance sur les études celtiques [que l’ethnologue parisien Henri Gaidoz] prend conscience de la nécessité de faire dialoguer les savants intéressés par la permanence des éléments celtiques en Europe », et que « la revue Celtique est née en 1870 à l’initiative [de ce dernier] »[13]. La mise en place d’une revue scientifique sur les questions celtiques par un Parisien, lui-même influencé par des travaux allemands, contraste, là encore, avec « un récit particulier […] répondant tout à tour à des objectifs politiques, stratégiques, culturels… »[14] L’identité celtique en tant qu’objet de recherche répondant à un intérêt scientifique est donc clairement négligé.

Quatrièmement, l’existence d’un héritage celtique remontant à l’Antiquité n’est toujours pas abordée sérieusement, alors qu’un certain nombre de travaux et ouvrages ont été cités par Ronan Le Coadic, dans son premier article sur l’exposition tout d’abord[2], et dans son deuxième article sur le sujet ensuite[15]. Et l’impact de cet héritage celtique ancien sur l’identité culturelle reste minimisé, comme le montre la sentence suivante : « Plus que la continuité avec une civilisation lointaine, c’est le regard que les sociétés portent sur leur héritage et ce qu’elles en font au présent qui est déterminant dans la construction d’une identité culturelle. »[11] Sur quelle étude peut bien se baser une telle déclaration ? Mystère… En réalité, cette affirmation montre que l’exposition confond allègrement l’identité culturelle, en tant que système d’expression, de représentation et de valeurs, dont les ressorts sont généralement inconscients, le sentiment d’identité et le discours identitaire conscient, propre à un individu ou à une communauté donnée.

Cinquièmement, les besoins psychologiques humains semblent également ignorés. Les textes de l’exposition font à présent valoir que « la volonté de se rattacher à un passé précis relève à la fois de la fabrique politique d’un territoire mais aussi de phénomènes de construction culturelle »[11]. La recherche de vérité, ou, à défaut, d’explications, sur le passé et sur les origines constitue pourtant une constante chez l’homme, que cette recherche concerne le passé ou les origines de l’individu, du groupe, de l’homme, de la vie, de la Terre, du système solaire ou de l’Univers… Pour en rester à l’humain, la philosophe Simone Weil déclarait : « Il serait vain de se détourner du passé pour ne penser qu’à l’avenir. C’est une illusion dangereuse de croire qu’il y ait même là une possibilité. L’opposition entre l’avenir et le passé est absurde. L’avenir ne nous apporte rien, ne nous donne rien ; c’est nous qui pour le construire devons tout lui donner, lui donner notre vie elle même. Mais pour donner, il faut posséder, et nous ne possédons d’autre vie, d’autre sève, que les trésors hérités du passé et digérés, assimilés, recréés par nous. De tous les besoins de l’âme humaine, il n’y en a pas de plus vital que le passé. »[16] La tendance à ne présenter que des objectifs politiques, stratégiques et culturels tend à rattacher les apports des scientifiques, historiens ou ethnologues à des desseins particulièrement douteux, et montre ainsi que la nouvelle version de l’exposition n’a pas su se départir entièrement de l’idéologie de départ.

D’autres critiques faites précédemment restent entièrement valables, comme celles concernant l’arbre des langues[3], qui n’a subit aucune modification dans la nouvelle version de l’exposition[17], ou la surestimation des flux migratoires[3], la Bretagne restant décrite comme « le résultat du brassage constant de populations […] à travers les siècles »[11]. Pour compléter ce dernier point, il pourrait être ajouté que Paol Mingant, en se basant sur la paléogénétique et les données d’Eupedia[18], note qu’« aujourd’hui, la répartition de [la mutation] R1b-L21 correspond parfaitement avec l’aire des langues celtiques »[19].

Et sans doute serait-il utile de rappeler que l’aspect particulièrement dommageable de l’exposition réside dans la dévalorisation d’une identité vivante auprès de ceux qui se reconnaissent en elle, particulièrement lorsque ceux-ci sont des enfants ou des adolescents. Or, il s’agit bien là d’un public ciblé par l’exposition, ainsi que le prouve l’existence du dossier pédagogique à leur attention[20]. Mais ce dernier n’a, à l’heure actuelle, nullement été réécrit ; toutes les remarques le concernant ayant pu être formulées[3] restent donc entièrement d’actualité.

Enfin, si le contenu de l’exposition a, de toute évidence, été grandement édulcoré dans sa nouvelle version, cela reste insuffisant pour donner un caractère objectif à l’exposition. La présentation « pour la première fois, des découvertes récentes des archéologues de l’Inrap » datant de l’Âge du Fer, quelle qu’en soit l’importance[6], ne justifie aucunement que des informations soient présentées dans l’objectif de soutenir une opinion trouvant sa source dans une idéologie politique, quand bien même cette dernière serait frappée du sceau de l’officialité ou serait celle de l’appareil d’État.

Article publié le 17 août 2022 sur le site Justice pour nos langues ! : http://justicepournoslangues.fr/actualites/2022/une_version_edulcoree_de_l_exposition_celtique.html

Notes :

[1] « Musée de Bretagne à Rennes, exposition « Celtique ? ». Je retire mon parrainage », par Alan Stivell, Facebook, 20 mai 2022, 11 h 35.

[2] « Une manipulation idéologique au musée de Bretagne à Rennes », par Ronan Le Coadic, Le Club de Mediapart, 29 juin 2022.

[3] « La stigmatisation de l’identité bretonne via l’exposition « Celtique ? » », par Yann-Vadezour ar Rouz, Justice pour nos langues !, 21 juillet 2022, modifié le 1er août 2022.

[4] « La Région Bretagne résolue à se renseigner sur les pratiques du musée de Bretagne », par Yann-Vadezour ar Rouz, Justice pour nos langues !, 2 août 2022.

[5] « La Bretagne, pas celtique ? Polémique autour d’une expo », Le Quotidien, 3 août 2022, 5 h 00, mis à jour le 2 août 2022 à 18 h 52.

[6] « Le Musée de Bretagne révise son exposition « Celtique ? » », Serge Poirot, Ouest-France, 16 août 2022, 14 h 36.

[7] « Le musée de Bretagne contraint de revoir le contenu de l’exposition « Celtique ? » », par Yann-Vadezour ar Rouz, Justice pour nos langues !, 4 août 2022, modifié le 6 août 2022.

[8] Bretagne celtique ?, réalisé par Arnaud Géré, Musée de Bretagne, Rennes, 2022.

[9] Page d’accueil du site Celtique ? L’expo.

[10] Podcast – C comme celtique avec Manon Six, Bretagne Culture Diversité, Becedia.

[11] « 5. Épilogue », sur le site Celtique ? L’expo.

[12] « Bretagne celtique ! Quand les historiens français confirment le caractere celtique des Bretons et font des émules en Bretagne », Bernez Rouz, Le Trésor du breton écrit – Teñzor ar brezhoneg skrivet, 3 juillet 2022.

[13] « 1870 : La Revue Celtique donne une assise scientifique aux travaux sur les langues l’histoire et les traditions des pays marqués par l’empreinte celtique », Bernez Rouz, Le Trésor du breton écrit – Teñzor ar brezhoneg skrivet, 10 juillet 2022.

[14] « La construction d’un récit », sur le site Celtique ? L’expo.

[15] « Exposition « Celtique ? » : de la partialité à la post-vérité ? », par Ronan Le Coadic, Le Club de Mediapart, 10 août 2022.

[16] Weil, Simone : 1949. L’enracinement, prélude à une déclaration des devoirs envers l’être humain. Paris : Gallimard.

[17] « 3. Breton, langue celtique ? », sur le site Celtique ? L’expo.

[18] « Haplogroupe R1b (Y-ADN) », par Maciamo Hay, Eupedia, mis à jour en janvier 2014.

[19] Mingant, Paol : 2022. « Keltiek ? ». Ya!, no 888, 17 juin 2022, p. 9.

[20] Celtique – Dossier pédagogique, 1er et 2nd degré, par Céline Morvan, Musée de Bretagne – Les champs Libres.

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Vos 10 commentaires
Alain E. VALLÉE Le Jeudi 18 août 2022 13:29
Re zo re ... !
sinon : " ... Perseverare diabolicum. "
AV
(0) 
Emilie Le Berre Le Jeudi 18 août 2022 18:06
Bretagne pas celtique ? Avec l'inconstitutionnalité, voila un nouvel argument pour justifier l'abandon de l'enseignement du Brezhoneg.
(1) 
Anne Merrien Le Jeudi 18 août 2022 19:17
Je ferai un parallèle avec cette citation tirée de l'Histoire populaire de la Bretagne, au bas de la page 158, une remarque en passant qui a peu à voir avec le sujet du livre : "En 1488, bataille de Saint-Aubin-du-Cormier : dans ce que le roman national breton forgé au 19e siècle définit comme le camp breton combat notamment... le futur roi de France Louis XII"
Comme si, de son côté, le roman national français relevait que ce futur roi ait pu combattre pour l'indépendance de la Bretagne... La critique est toujours à sens unique.
(4) 
Krys 44 Le Jeudi 18 août 2022 19:47
Vous avez dit "scientifique" ? J'aimerais connaître des niveaux d'étude ses "chercheurs" auto-proclamés du musée de Bretagne : Doctorats ? CNRS ?
Ont-ils pris connaissance de l'étude menée par l'université d'Oxford , pendant 20 ans et avec une trentaine de scientifique de différents domaines (archéologie , histoire , spécialistes de l'ADN , sociologie , ...) , qui a conclu en 2014 que s'il n'existe pas d'ADN particulier pour les Celtes , cela n'empêche en rien les similitudes culturelles et linguistiques entre les différents peuples celtes . Le gallois et le breton ont été une même langue jusque vers 1300 . La mer nous sépare et les langues évoluent , mais il reste néanmoins qu'en parlant couramment le breton on peut comprendre le gallois et vice versa . L'identité celte n'est pas seulement celle de la Bretagne !
C'est honteux et hideux ! Ça fait peur ! On se croirait dans une dictature débile où sévissent des pseudo-chercheurs qui ne maîtrisent pas d'autres langues que le français , qui ne retiennent que ce qui les arrangent , avec une conclusion prévue dès le départ . Ils n'ont fait que bricoler des données cherchées ici ou là pour asseoir ce qu'ils avaient décidé que ce serait ! Nous n'en sommes plus à l'époque où l'on se contentait de regarder quelques poteries ou statuettes ! Hors temps , hors sol , ... pitoyable et avec l'argent de contribuables !
(6) 
pierre daniel Le Jeudi 18 août 2022 21:46
demat deoc'h
sel un pays fasciste interdit a un peuple l'usage de sa langue , et manipule son histoire . Ces sinistres individus ne sont rien d'autre que les chiens fidèles d'un état nation aux abois , La fin des jacobins est triste ,mais ils n'ont que ce qu'ils méritent .
Ces partout le meme système :vu au donjon de Niort lors d'une expo sur le Poitou au moyen age une belle carte des pays de Loire . La réponse a mon étonnement que l'expo n'était pas faites par la ville ,et qu'ils avaient signalé cela ,sans suite .
Dans le Chateau de Foix pour illustrer le domaine de Gaston Phébus ,simplement les départements .
Rien de nouveau dans le jacobinisme . La négation de l'autre est la forme supérieure du mépris /Aux Bretons de réagir avec vigueur et fermeté .
A galon nous redeviendrons une Nation libre et puissante .
(2) 
Alain E. VALLÉE Le Jeudi 18 août 2022 23:35
La réécriture de l'histoire, l'anachronisme et le contre-sens font système et des fonctionnaires y font carrière.
Le drapeau tricolore flotte sur le château deVersailles ou pavoise l'Hermione.
Pourtant, ces deux éléments patrimoniaux restaurés ou reconstruits et tant d'autres se réfèrent à des réalités antérieures à la Révolution. L'excellent principe de la continuité de l'État apparaît être sans effet dès qu'il est question de l'avant 1789. Un peu comme s'il n'y avait rien existé avant la Révolution. Totalement absurde !
Seul l'Edit de Villiers-Cotterêts (1539) trouve grâce pour être magnifié par le jacobinisme et ses dépendances.
Mais ici encore le contre-sens prospère à plein régime. En effet, cet Édit n'impose l'usage du français que dans les actes publics (jugements, actes notariés, ...). Le reste est heureusement linguistiquement libre. Même que chacun parle librement chez lui et en privé la ou les langues qu'il souhaite avec qui il veut.
La langue de la République est le français dit alors la Constitution pour lutter contre l'anglicisme à la mode. Certes, mais ceci ne concerne que la langue de l'État et celle de sa tentaculaire chose publique en faillite structurelle.
Ainsi, que ceci plaise ou non, les langues de la France furent, sont et restent tant de trésors que leur usage quotidien protège.
AV
(3) 
Pcosquer Le Dimanche 21 août 2022 21:49
Bonjour à vous et mersi bras deoc'h evit ho pennad skrid savet sklaer hag arguzennet mat.. Prizius eo evel hini Ronan ar C'Hoadig evit an abegoù da heul:
La bagarre qui s'enclanche sur ce terrain est une affaire de spécialiste(s) et leur(s) capacité(s) à convaincre devient de fait la référence: une caution morale en quelque sorte. Cet élément me semble primordial d'une part, car la très grande majorité des personnes sont probablement incapables de séparer le fantasque du vrai et d'autre part parce que les gens fonctionnent avec une caution morale ( c'est à mon sens une des causes de la crise tout terrain que l'on vit aujourd'hui :Il n'y a pas de caution morale en Bretagne digne de ce nom , c'est aussi vrai ailleurs...) Vos interventions sont donc capitales comme celle d'Alan Stivell d'autant plus que les média ne font plus leur travail d'enquête et de médiation ( cf le magazine Breton et ses deux interventions sur la vie d'Anne de Bretagne(N°42 Hors série hiver 2020 etplus récemment) qui occultent complètement, entre autres tyravaux, ceux de Joël Cornette)
Je pense aussi que le droit à la colère est légitime et qu'elle peut se manifester par une indignation collective.
Mais pour être efficace il faut qu'elle soit entendue par le plus grand nombre... Et cela me fait penser à l'affaire des noms de lieux de langue Bretonne révélée par JP Kemener qui s'est continuée par une lettre signées de personnalités représentatives. Les médias ont du suivre ainsi que le conseil régionale de Bretagne. Cette lutte à eu ses effets éducatifs ou tout au moins d'information et pour certain , je l'espère, de prise de conscience.
Ainsi n'est-il pas envisageable pour que votre défense ainsi que celle de Ronan ar C'Hoadig deviennent une réponse référente et grand public de réaliser une lettre collective et signées des personnes directement concernées du monde scientifique, culturelle et... ( pour le monde politique j'ai du mal a y croire mais bon qui sait).
Il me semble important que les Bretons sachent que certains pilotent encore le bateau avant que l'on entende les tambours bien rythmés de notre gallère Bretonne.
Emichañs e vo ur mennozh a-seurt gant ul lizher a-stroll kuit d'ar mediaoù mougañ an afer.
Mirout a rin ho pennad hag hini Ronan ar C'Hoadig a-benn difenn ar wirionez en dro din pa vo ezhomm d'en ober ganin
(1) 
Géraldine Chéreau Le Dimanche 28 août 2022 02:14
Demat, Merci pour cette longue et intéressante analyse, complémentaire à celle de R. Le Coadic.
Effectivement, une fois démasquée, la direction du musée ne cache plus sa volonté de nier l'identité, non seulement bretonne, mais aussi celtique, quitte à sous-entendre que tout n’est qu’un gigantesque artefact de la part de quelques historiens Bretons !
Après le musée du château de Nantes, voilà, que c'est au tour du Musée de Rennes de se mettre en porte-à-faux de façon insidieuse et à chaque fois, c'est sur un sujet sur l’histoire de la Bretagne. Quel diablotin, leur souffle donc tant de haine, au point de renier l’histoire des Bretons ? Je me demande combien ont -il payé l’AnKou, pour être le fossoyeur de son propre pays ? Auraient-ils réussi à parier avec l’âme de ce dernier ?
À quand une exposition au Musée de Rennes pour remettre en cause l'identité française, d'insister sur le caractère de la construction des messages de cette identité française ? De son artefact identitaire ?
Visiblement, le Musée de Rennes semble encore s'accrocher comme une bernique aux célèbres manuels désuets de Lavisse et Michelet !
S'ils désirent nous remettre les clefs de compréhension à la manipulation pour renverser la situation et remettre en cause l'identité française avec les mêmes outils, il me semble, que cela n'est pas très difficile. À trop vouloir nous forcer à les singer, nous finirons bien par entrer dans un jeu de mimétisme ! La question sera jusqu’où ?
En agissant ainsi, ils se comportent comme des colons sur leur « propre territoire hexagonal » (puisque pour eux, la Bretagne n’existe plus !). C’est ce qui s’appelle aussi le paradoxe français ou la question française en Bretagne !
L’État français et ses zélés fonctionnaires culturels et éducatifs ont cette irrépressible et fâcheuse tendance à manipuler l’histoire en projettant sur ses sujets, ses propres scories et déviances.
C’est comme si, de façon détournée, on nous accusait nous Bretons, de construire notre propre histoire alors qu’ils utilisent de façon détournée la *Promulgation de la loi sur la reconnaissance de l’œuvre accomplie dans les colonies.* : [1]
L’article 4 codifie ce que les Français ont le droit de savoir et d’apprendre à l’école. Les élèves se doivent d’admirer l’armée française en tant que telle, quel que soit son rôle, libérateur, colonisateur ou bourreau («  la place éminente des sacrifices des combattants de l’armée française » ).
- L’article 5 interdit d’exprimer une position différente de la version officielle ; ce serait de la diffamation ou de l’injure. (L’inverse n’est pas envisageable).
-Seul l’article 4 a été abrogé par décret le 15 février 2006. Le reste a été maintenu et on note le peu de considération pour les colonisés qui à contrario doivent une allégeance totale et inconditionnelle à leur colons, même après 600 ans ! Cherchez là dedans la fameuse devise républicaine « Liberté, Égalité, Fraternité » ! Et surtout : « Faîtes ce que je dis, mais pas ce que je fais ! » ! C’est le paradoxe du Républicain et de son petit manuel bleu ! Tout un programme !
On s’acharne à nous expliquer depuis quelques générations que nous sommes français, gaulois, alors pourquoi nous attacher à affirmer que nous sommes Bretons ?
- - Peut-être que s’il y avait une reconnaissance de notre histoire, de notre langue, de notre territoire (44 compris) et que certains ne se comportaient pas comme des colons chez nous, on en serait pas là, à refuser une construction théorique et contre-faite de notre propre histoire !
L'historienne Suzanne Citron [2] dans son ouvrage "Le Mythe National, l'histoire de France en question" paru aux éditions ouvrières en 1989, démontre comment, la Révolution française a crée le concept d'État-Nation "un et indivisible" et la IIIème République l'a inculqué par l'enseignement et l'histoire "Nos ancêtres les Gaulois", (même dans les îles colonisées qui avaient des ancêtres autrement que "Gaulois"). Dans son livre l'auteur démontre la logique d'une histoire qui, confondant l'État et la "nation", occulte le passé des peuples vaincus ou colonisés, minimise ou ignore les fautes ou les crimes du pouvoir. Elle démontre d'autre part, comment l'historiographie nationale française a été "fabriquée", Les "Grandes Chroniques de France" rédigées par les moines de Saint-Denis en sont l'assise, grands manipulateurs du passé au service des Capétiens usurpateurs des Carolingiens, les moines les présentèrent comme les héritiers "légitimes de Charlemagne et de Clovis.
Au XIXème siècle, les historiens libéraux et républicains revêtirent la nation "sans commencement" de l'abbé Siéyes de la tunique des trois dynasties. Le mythe de l'origine gauloise, en amont, donnait à la nation française l'homogénéité ethnique et culturelle qui lui faisait défaut : la France du XIXe siècle était largement multilingue et sa complexité culturelle était accrue par les premiers grands flux d'immigration.
Corrélativement, comment, pensent-ils expliquer l'origine linguistique de la langue bretonne ? Sur quelles autres et nouvelles références ? À l'instar de Tardieu, vont-ils remplacer un mot pour un autre ? Celtique par Gaulois ? Auquel cas, s'il y a bien une construction qui se construit au fil du temps, c'est bien celui des appareils culturels d'État, et bien plus que celui de l'ensemble de la population bretonne malgré les brassages au fil des siècles. Voilà, près de deux générations maintenant, que nos accents du terroirs sont en train de disparaître au profit de celui des cités !
Pour ce qui est de la langue, pour rappel "Le breton est une langue celtique d'origine indo-européenne, parlée par 207 000 personnes en Bretagne en 2018. Ses locuteurs sont des brittophones ou bretonnants. Le breton appartient au groupe des langues celtiques brittoniques. Il est apparentée au cornique et au gallois, langues pratiquées au Royaume-Uni, bien que plus proche de la première."La langue bretonne est une langue vernaculaire, c'est-à-dire, du pays, propre au pays. Le Breton de Bretagne. La langue bretonne d'origine celtique entraîne en toute logique, une identité celtique aux Bretons.
Après, nous avons aussi, le gallo ou la langue gallèse de langues d’oïl de la Haute-Bretagne. Est-ce une raison suffisante pour effacer l’origine celtique de notre langue bretonne et donc de notre identité ? NON, indéniablement !
Que certains veuillent absolument tout faire pour nier cet aspect celtique aux Bretons et à la langue bretonne pour ensuite la faire passer pour une construction contemporaine, ressort de l'aberration ! Et il y a de quoi en être indigné.e !
Cela fait plus de 1 200 ans, que la Bretagne est Bretagne et celtique de part son histoire et sa langue. Que la langue fut le Breton avec tous ses dialectes, puis ses différents apports étrangers. Cela ne fait qu’à peine 600 ans, que la Bretagne est arrivée dans le giron français malgré elle, à coup de guerre, de trahisons, de menace, d’alliances et d’annexion. Alors un peu d'humilité !
C'est assez ironique de la part, des dirigeants d'un musée avec des soit-disant "experts" indéniablement garant du mythe national français, de se fourvoyer avec l'argent des contribuables de cette façon aussi orientée et au détriment des bretons eux-mêmes !
En 1998, à Rennes, il y a eu un colloque sur plusieurs jours, avec des historiens, sociologues internationaux pour discuter de l'identité bretonne. Le compte rendu est paru sous le titre : " L'Identité bretonne" de Ronan Le Coadic [3] . En dehors de quelques hargneux hussards de la République rennais, personne à l'époque, n'aurait songé remettre en question, l'identité bretonne tellement qu'elle est ancrée en nous, malgré les efforts de quelques zélés administrateurs de l'État français pour effacer l'histoire, la langue, la culture de notre mémoire; ou encore, ou de Bretons ou Bretonnes qui n'ont pas résolus les problèmes avec leur propre histoire personnelle révélant malgré eux (elles), le complexe de l'identité ou son paradoxe. Bien au contraire, ce colloque montrait toute l’étendue de la richesse et de la complexité de l’identité bretonne, voir parfois son affaiblissement..
Si l'’épilogue focalise toujours sur une construction volontaire de l’identité celtique : « L’image de la « Bretagne celtique » a été l’objet d’une longue construction. Je conclurai simplement en répondant : "De la même manière que celle de la France, une et indivisible aussi bien dans le domaine linguistique, que territorial avec son hexagone", au point d'enlever et s'acharner depuis 60 ans à enlever le Pays Nantais du reste de la Bretagne".
L’avenir ne se construira pas sur un imaginaire historique, obsolète et truqué. Nous avons, comme d’autres peuples, besoin d’un grand débat «sain et honnête intellectuellement » sur la ré-interprètation du passé.
Notes :
[1] *Promulgation de la loi sur la reconnaissance de l’œuvre accomplie dans les colonies.* : [1]
(J.O n° 46 du 24 février 2005 page 3128 texte n° 2/)/
L’article 4 codifie ce que les Français ont le droit de savoir et d’apprendre à l’école. Les élèves se doivent d’admirer l’armée française en tant que telle, quel que soit son rôle, libérateur, colonisateur ou bourreau («  la place éminente des sacrifices des combattants de l’armée française » ).
- L’article 5 interdit d’exprimer une position différente de la version officielle ; ce serait de la diffamation ou de l’injure. (L’inverse n’est pas envisageable).
-*Seul l’article 4 a été abrogé par décret le 15 février 2006. Le reste a été maintenu.*
[2] Suzanne Citron, agrégée d'histoire-géographie, a été professeur de lycée, puis maître de conférence à l'Université Paris XIII. Elle s'interroge depuis longtemps sur l'historiographie scolaire et ses occultation. Membre du comité de rédaction de la revue "Hommes et migrations", elle a assisté comme intervenante au colloque sur l'identité bretonne en 1998.
[3] "Ronan Le Coadic. L'Identité bretonne. Presses universitaires de Rennes; Terre de Brume, 1998, 2-84362-019-8.".
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Penn Kaled Le Dimanche 28 août 2022 09:27
Peut être aussi que cette manipulation trouve sa sources dans différentes fatwas lancées à l'encontre de la cause bretonne ,par celle qui est populaire !! dans ce domaine et également par la tribune de juin 2021 de soi disant personnalités , sans compter des initiatives bien plus discrètes mais pas moins efficaces ????
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AFB-EKB Le Lundi 17 octobre 2022 19:21
Les "commissaires-experts" de l'exposition on-t-ils lu l'ouvrage en anglais du grand universitaire brittanique Barry Cunliff , spécialiste mondial des mondes celtiques " Bretons and Britons!"- Oxford University Press ? Il est permis d'en douter.
Tiern e peb Amzer
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