La déportation organisée vers les camps de concentration et d’extermination nazis a abouti à la disparition de plus de six millions d’êtres humains. En Bretagne ce sont environ 4 000 déportés dans les cinq départements dont approximativement 500 femmes et une cinquantaine d’enfants de moins de 15 ans. Parmi eux, 1 850 environ auraient succombé.
Les survivants, la plupart du temps très malades et affaiblis, font face aux contrôles sanitaires et administratifs, vécus souvent comme des interrogatoires. Méfiance et maladresses des questions heurtent les rescapés. Les déportés doivent alors se séparer de leurs camarades de souffrance et réintégrer le domicile familial. Le retour des femmes particulièrement véhicule nombre de fantasmes et de représentations négatives. Elles sont perçues comme étant de mœurs légères et susceptibles de porter des maladies vénériennes. Tous ces motifs provoquent un repli sur soi des déportés, hommes et femmes.
Aujourd’hui Isabelle Le Boulanger s’attache à la parole des descendants de déportés. Ces témoignages sont la transmission de la mémoire de la déportation des intéressés à leurs enfants ainsi que de l’impact du traumatisme sur la vie du déporté et ses effets transgénérationnels.
Isabelle Le Boulanger est docteure en histoire, enseignante et chercheure associée
au Centre de recherche bretonne et celtique de Brest. Elle a consacré une dizaine
d’ouvrages à l’histoire des femmes et des enfants en Bretagne à l’époque contemporaine, notamment cinq ouvrages parus aux éditions Coop Breizh :
L’Exil espagnol en Bretagne, 1937-1940
Bretonnes et Résistantes, 1940-1944. Approche sociohistorique d’un engagement hors norme
Henriette Le Belzic résistante déportée
Enfants de guerre dans l’ouest de la France
Femmes d’exception en Bretagne sous l’occupation.