Les samedi 18 septembre et dimanche 19 septembre deux journées sont organisées pour commémorer non pas le camp de Conlie et l’organisation étatique de la mort de milliers de soldats bretons mais les 150 ans de la guerre de 1870.
Avec un an de retard pour cause de pandémie.
Le Camp de Conlie, situé dans la région du Mans, est un des onze camps établis par le gouvernement républicain de Gambetta lors de la guerre de 1870 afin de préparer une contre-offensive contre l'occupant. Les Prussiens sont désormais aux portes d'Orléans.
Ces camps serviront à rassembler les armées d’enrôlés de force. Celui de Conlie est destiné à l’Armée de Bretagne, forte d’environ 60 000 hommes des cinq départements de Bretagne.
En quelques semaines, l’État français contraint les forces vives de la Bretagne à marcher hors de Bretagne, en plein hiver, jusqu’au camp de Conlie. C’est le général breton Comte de Keratry qui est nommé à la tête de cette Armée de Bretagne.
Mais voilà, Gambetta prend peur.
Car rassembler et armer des dizaines de milliers de Bretons sous le commandement d’un général… breton l’inquiète tout à coup.
Gambetta opte pour laisser mourir cette armée bretonne.
Extrait d’un témoignage de Gaston Tissandier (né le 21 novembre 1843 à Paris où il est mort le 30 août 1899, scientifique et aérostier français).
« Est-ce bien un camp ? C’est plutôt un vaste marécage, une plaine liquéfiée, un lac de boue. Tout ce qu’on a pu dire sur ce camp trop célèbre est au-dessous de la vérité. On y enfonce jusqu’aux genoux dans une pâte molle et humide. Les malheureux mobiles se sont pourvus de sabots et pataugent dans la boue où ils pourraient certainement faire des parties de canots. Ils sont là quarante mille nous dit-on et, tous les jours, on enlève 500 ou 600 malades. Quand il pleut trop fort, on retrouve dans les bas-fonds des baraquements submergés. Il y a eu ces jours derniers quelques soldats engloutis, noyés dans leur lit pendant un orage »
KERFANK, la ville de boue
Les Bretons surnomment ce camp de la mort et de l’horreur Kerfank. Ce qui signifie « Ville de boue » en langue française.
Après deux mois de privations et d’humiliations, environ 6500 Bretons affaiblis et peu armés
-4000 vieilles pétoires selon les témoignages- sont envoyés à la boucherie dans la lugubre et froide nuit du 11 au 12 Janvier 1871. ( voir notre article ) La 20e division prussienne bien équipée du Général Von Krautz-Koschlau en massacrera 6000.
En les envoyant en première ligne le commandement français savait pertinemment qu’il allait sacrifier 6000 Bretons … pour rien.
Car Le Mans sera occupé par les Prussiens le lendemain.
L’armée de la Loire quant à elle concentre tous les efforts de Gambetta. Cette armée est créée à partir de troupes rappelées d’Algérie, de soldats des dépôts et des réserves (régiments de marche) qui forment le 15 é corps d’armée sous la direction du général de la Motte-Rouge. 70 000 hommes équipés comme il se doit, armés de fusils de dernière génération, soutenus par 150 canons.
Habitués à combattre en Algérie, cette armée aguerrie n’hésitera pas à tuer ces maudits Bretons qui essaient de rentrer chez eux en fuyant ce camp de Conlie où l’État les laisse mourir.
Version française de cette douloureuse page d'histoire bretonne ?
Voilà pour le résumé de cette page d’histoire.
Aurons-nous droit à cette information lors de ces deux journées des 18 et 19 septembre ?
Financées par les régions administratives « Bretagne » et Pays de Loire les organisateurs -principalement la ville de Le Mans- n’ont pas contacté les associations bretonnes.
Le Conseil régional de Rennes n’a pas non plus partagé l’information.
L’ICB -Institut Culturel de Bretagne- n’a pas été invité à participer.
Encore moins Koun Breizh-Souvenir Breton qui depuis 1954 fait vivre la culture et l’histoire bretonnes, particulièrement étouffées par les réseaux officiels.
Il va sans dire que les organisations culturelles et historiques en Bretagne avaient toute légitimité pour que cet évènement des 150 ans de Conlie soit organisé par elles.
Vous pouvez consulter le programme officiel qui accompagne cet article.
La dimension bretonne risque d’être folklorisée et noyée dans une problématique Prusse-France.
C’est pourquoi si vous pouvez être présents durant ces deux jours, il serait intéressant que des compatriotes amènent l’information savamment étouffée depuis… 150 ans.