Dès la prochaine rentrée, le recteur de l'académie de Rennes veut supprimer l'enseignement du breton dans plusieurs collèges et lycées. Et il l'a fait savoir lors du dernier Conseil Académique des Langues régionales le 15 janvier dernier.
L'UGB (Union des Enseignants de Breton) nous a appris quelques jours plus tard que le Conseil avait voté une motion demandant la réécriture des programmes de langues régionales à l'école primaire. La remise en cause de l'enseignement bilingue ne s'arrête pas aux programmes : dès la prochaine rentrée, le rectorat veut supprimer l'enseignement du breton dans plusieurs collèges et lycées.
Selon la Fédération Syndicale Unitaire : Le constat a été fait par tous les acteurs de l'enseignement d'une évaporation inquiétante d'élèves entre le CM2 et la classe de 6ème. Près d'un élève sur 2 ne poursuit pas en 6ème. C'est dramatique à deux points de vue : la langue n'est pas définitivement acquise à cet âge, et c'est un monumental gâchis financier. La cause essentielle de ces abandons est due à la politique des pôles mise en place par le rectorat. Les familles souhaitent une poursuite de la scolarité dans le collège du secteur que le Recteur leur refuse systématiquement. Pour autant, les ouvertures prévues dans les collèges pôles ne se font pas non plus ! Au brevet pour la session de juin 2008, les élèves doivent valider le niveau A1 du cadre commun européen de référence dans l'une des deux langues étudiées au collège (LV1 ou LV2). L'arrêté du 16 mai 2007 précise qu'il s'agit obligatoirement d'une Langue Vivante étrangère. De ce fait, les élèves qui ont choisi le breton comme LV2 n'ont pas le choix.
Il faut rajouter à ce constat sur l'enseignement secondaire l'obstination maladive de l'Education nationale de refuser de manière récurrente l'ouverture de nouvelles classes dans le primaire et cela malgré la demande constante des parents d'élèves. Cette année les exemples sont déjà nombreux: Lorient, Banaleg ………….
La situation de la langue bretonne est déjà critique : il suffit maintenant au gouvernement et à l'Education Nationale d'arriver à un point de non retour. C'est ce qu'il nous prépare aujourd'hui.
En 1992, dans le cadre de la ratification du traité de Maastricht, l'article 2 de la constitution française est modifié ; dorénavant, "La langue française est la langue de la république".
Ce changement est officiellement justifié par l'envahissement progressif de la langue anglaise, mais en pratique, cet article 2 sera et est toujours utilisé par l'administration française pour entraver le développement de l'enseignement des langues minoritaires (volontairement minorisées en fait).
La France, se réfugiant derrière sa constitution, n'a à ce jour toujours pas ratifié la Charte européenne des langues minoritaires, alors que cette ratification est maintenant exigée pour les Etats souhaitant intégrer l'Union Européenne. De même, la France n'a pas signé l'article 27 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques adopté par l'ONU en 1966, ainsi que l'article 30 de la Convention internationale des droits de l'enfant. Ces articles font référence aux minorités nationales et au respect qui leur est dû, dont le respect de la langue. Notre langue, toujours sans statut officiel, reste soumise aux diktats de représentants de l'Etat dont la charge semble davantage de veiller au grain que d'assurer un service public de qualité d'enseignement en Bretagne, se devant au regard des Droits fondamentaux de respecter notre identité.
Le fondement du problème relève d'une "idéologie d'Etat", d'un Etat Français qui nous refuse obstinément le droit de sauver notre langue. Tous les jours, une trentaine de locuteurs de breton disparaissent et l'Etat continue de saborder les initiatives pour les renouveler par l'enseignement de la langue.
La LBDH affirme clairement que la politique linguistique de la France ne changera pas. Le cadre normatif français ne peut admettre de peuples différents ou de minorités nationales au sein de la république et par conséquent ne peut tolérer l'expression de signes incontestables de l'existence de ces « minorités », tels les langues. L'Etat français refuse donc de s'engager à leur promotion quand un accompagnement de leur agonie programmée lui convient bien mieux.
Pour la LBDH M. Herjean