Le prix de thèse « Ecole de chimie de Rennes – René Dabard » distingue chaque année des docteurs en France pour leurs travaux de thèse réalisés dans les domaines de la chimie et du génie chimique.
Attribué par le Fonds de dotation de l’ENSCR, ce prix vise à récompenser de jeunes chercheurs dont les travaux, d’une grande qualité scientifique, ont contribué au progrès des connaissances scientifiques, à l’innovation technologique et à une meilleure compréhension des enjeux de société et environnementaux.
Les critères d’évaluation portent sur l’originalité de la thématique fondamentale ou appliquée, la prise de risque aux interfaces des domaines des sciences et la production scientifique (publications, brevets, prix).
Le 1er prix (1500€) a été remporté par Marie CLAVERIE qui a réalisé sa thèse à l’Institut de Chimie de la Matière Condensée de Bordeaux (ICMCB) en partenariat avec le laboratoire des Géosciences Environnement de Toulouse (GET) et la société IMERYS.
« Le talc, minéral usuel de notre quotidien, est aussi couramment utilisé comme charge minérale dans les papiers, les plastiques, les cosmétiques… En effet, sa lamellarité, sa blancheur, et son inertie chimique sont des propriétés clés dans l’industrie et spécialement dans celle de la beauté. Néanmoins, l’utilisation du talc naturel en cosmétique est limitée par l’inexistence de gisements de talc pur, celui-ci étant systématiquement associé à d’autres minéraux (chlorite, pyrite…). La synthèse de talc est l’unique moyen d’obtenir un minéral dont les puretés minéralogiques et chimiques sont contrôlées. Ce projet présente le développement d’un procédé de synthèse de talc. Le talc synthétique obtenu se distingue de son homologue naturel par sa taille (entre 0.1 et 1 micromètre contre plusieurs dizaines de micromètres), par sa pureté minéralogique (monophasé), sa pureté chimique et par son caractère hydrophile (contrairement au talc naturel qui est hydrophobe). Le talc synthétique est le premier minéral talqueux naturellement stable dans l’eau sans avoir subi de traitement physique ou chimique au préalable. L’autre aspect innovant de ce projet réside dans la mise en place d’un procédé de synthèse très rapide (une dizaine de secondes seulement), basé sur des propriétés spécifiques de l’eau supercritique, permettant une industrialisation dans un contexte de développement durable.»
Un second prix ex-aequo (500€) par ordre alphabétique a été attribué à :
Maria Gonzalez Martinez qui a réalisé sa thèse dans le Laboratoire de Préparation des Bioressources du CEA de Grenoble, en collaboration avec le Laboratoire de Génie Chimique de Toulouse.
« Il existe aujourd’hui en Europe une diversité intéressante de ressources en biomasse, avec des arbres feuillus et résineux, des cultures herbacées et des coproduits agricoles. Ces ressources se caractérisent souvent par une production saisonnière, délocalisée et en faibles quantités. Pour cette raison, le projet Mobile Flip propose la valorisation des résidus de biomasse par des unités flexibles et mobiles, applicables à l’échelle locale. L’une des technologies proposées est la torréfaction, traitement thermique doux qui produit un solide torréfié adapté pour se substituer au charbon, parmi d’autres applications innovantes, et des matières volatiles, dont des espèces condensables potentiellement à haute valeur ajoutée en chimie. Ces travaux de thèse ont servi à proposer un modèle capable de prévoir la production de solide torréfié et des matières volatiles en fonction du type de biomasse et des conditions opératoires, applicable au pilotage de l’unité mobile et à l’optimisation du procédé de torréfaction. Dans ce modèle, la diversité de la biomasse est décrite par sa composition macromoléculaire principale en cellulose, hémicelluloses et lignine. Pour construire le modèle, des expériences de torréfaction à l’échelle laboratoire avec les biomasses brutes et leurs composants extraits ont été réalisées en régime chimique. Le modèle a été affiné et validé avec un large panel de biomasses agricoles et forestières représentatives de la diversité européenne. ».
Photo Fondation L’Oréal
Lucie JARRIGE qui a réalisé sa thèse à l’Institut de Chimie des substances Naturelles (ICSN) à Gif-sur-Yvette (91).
« Souvent décriée par les médias et jouissant d’une mauvaise opinion publique, la chimie est pourtant cruciale au développement économique et au bien-être de notre société. Les médicaments, les produits cosmétiques, les polymères, les composants électroniques, ou encore les textiles ne sont que quelques exemples de composés chimiques qui nous entourent et qui améliorent notre quotidien. Pourtant, à une époque où la protection de l’environnement est au cœur des préoccupations, la chimie doit elle aussi s’appliquer à réduire son impact sur notre planète, c’est pourquoi le développement de méthodes de préparation de molécules respectueuses de l’environnement suscite un vif intérêt au sein de la communauté scientifique. C’est dans ce contexte de chimie durable que se sont inscrits mes travaux de thèses. Parmi plus de 20 000 000 de molécules organiques existantes, les hétérocycles constituent une des classes les plus importantes. Ces composés chimiques se caractérisent par une chaîne cyclique, comportant un ou plusieurs atomes autres que le carbone. On retrouve ces molécules dans une large gamme de produits naturels mais aussi de médicaments actuellement sur le marché. Mes travaux de thèse ont donc visé à développer de nouvelles méthodes de préparation d’hétérocycles, efficaces, plus vertes et respectueuses de l’environnement. Pour cela, deux thématiques innovantes que sont l’activation des molécules par la lumière visible et l’utilisation de petites molécules organiques chirales comme catalyseurs, ont été utilisées. Ainsi, de nombreux hétérocycles originaux ont été préparés de manière rapide, en une seule étape, avec d’excellents résultats, sans déchets et impliquant des réactifs chimiques non toxiques ».
Pour info, Lucie a également reçu le Prix Dina Surdin décerné par la Société Chimique de France, division chimie organique.
Ce communiqué est paru sur ENSC