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- Communiqué de presse -
De Françoise Morvan à Hubert Coudurier en passant par Marine Le Pen
Vous savez tous que François Morvan, comme les Erinyes des tragédies grecques, poursuit inlassablement le mouvement breton et, comme beaucoup d'autres idolâtres, sacrifie allègrement le Peuple Breton sur l'autel de la République. Elle est présente sur tous les fronts, elle est à l'affût de tous les combats, afin de permettre à l'Indivisible vacillante de garder un minimum de vigueur. C'est ainsi qu'elle a été la première à s'en prendre à la bretonnisation des panneaux routiers en pays gallo.
Par Fañch Kerrain pour alliance fédéraliste bretonne le 3/02/07 13:59

Vous savez tous que François Morvan, comme les Erinyes des tragédies grecques, poursuit inlassablement le mouvement breton et, comme beaucoup d'autres idolâtres, sacrifie allègrement le Peuple Breton sur l'autel de la République. Elle est présente sur tous les fronts, elle est à l'affût de tous les combats, afin de permettre à l'Indivisible vacillante de garder un minimum de vigueur. C'est ainsi qu'elle a été la première à s'en prendre à la bretonnisation des panneaux routiers en pays gallo. Pensez donc, une zone qui, depuis des siècles, (depuis Clovis j'imagine), a parlé un dialecte de langue d'oïl, une région exclusivement de culture française, (où la toponymie n'évoque en rien la langue bretonne!), oser introduire le bilinguisme dans un tel sanctuaire, quel sacrilège ! Je n'insiste pas sur les sarcasmes gorgés d'une haine inextinguible que déverse sur les militants bretons ce porte-drapeau du jacobinisme politique, notamment sur l'association vannetaise Bemdez.

Depuis quelques jours, nous avons pu constater que Marine le Pen lui emboîte le pas. Plus scandaleux encore, elle" justifie une assimilation violente, demandant à la Bretagne, dit l'auteur du communiqué, de perdre sa culture, sa langue, sa religion pour se fondre en un espace national de référence". Je ne peux, bien entendu, restituer les paroles exactes de Mme le Pen, mais qu'elle invoque la nécessité de l'assimilation et emploie le terme d'assimilation violente, me semble plausible. Nous ne sommes plus habitués à entendre ce langage, parce que nos politiciens ont su depuis longtemps récurer leurs vieux concepts, et se gardent bien de commettre de telles bévues. Mais, nous ne le savons que trop, en haut lieu, tous partagent la même conception de la société, sauf qu'ils tiennent davantage compte du rapport de force. Ils savent bien que l'identité bretonne est forte, assez forte en tout cas pour ne pas supporter un tel langage, et que, chez ces Gaulois fiers et irascibles, de la passivité à la rébellion le pas est vite franchi.

Rien de nouveau sous le soleil, par conséquent, le nationalisme échevelé de Marine Le Pen s'inscrit dans une longue tradition républicaine "à la française" : il s'agit de réaliser la "communauté des citoyens égaux devant la loi" sur les débris de toutes les appartenances culturelles ou ethniques , quelles soient corses, alsaciennes, basques ou bretonnes. Pour qu'advienne cette société idéale, resplendissante de rationalité, l'école de Jules Ferry n'avait pas lésiné sur les moyens. Elle eut recours, elle aussi, à des procédés violents, mais cette violence sait désormais se dissimuler sous le masque de l'idéologie et des structures de l'"Etat de droit". Disons qu'à la violence de l'agression, celle que préconise Marine le Pen, (la violence du "simbol" à la grande époque des hussards noirs de la République), a succédé une violence plus sournoise, presque invisible, celle de l'oppression : celle de l' article 2 de la Constitution, celle d'un Conseil Constitutionnel arbitrairement nommé, celle des arrêtés ministériels et d'un système administratif implacable (préfet de région, rectorat, inspecteurs d'académie), celle, enfin, d'un discours culpabilisant sur le "communautarisme" et le "repli identitaire", auquel le maître-penseur du Télégramme fait bien évidemment allusion.

Puisque je parle de cette violence masquée, je me dois de rappeler l'admirable discours patelin (un vrai chef-d'œuvre du genre) : celui du Ministre de l'outre-Mer, François Baroin, en réponse à la proposition d'amendement de l'article 2 de la Constitution par Marc Le Fur. Voilà de quelle manière doit parler un homme politique digne de ce nom. Face à des bonimenteurs si talentueux, Marine le Pen fait bien piètre figure.

COMMUNAUTARISME ET DESINFORMATION

Evoquant le communautarisme, je signale la raison d'être de cette nouvelle trouvaille étatique. Appliqué au combat que nous menons pour la sauvegarde de notre identité et de notre culture, ce terme peut difficilement revêtir un sens. Pourquoi une communauté humaine défendant son histoire, sa langue, son patrimoine culturel serait-elle stigmatisée de la sorte ? En réalité, l'important, pour nos stratèges politiques, n' est pas de conférer un sens à ce terme, mais de lui assigner une fonction, Dans une campagne de désinformation orchestrée par l'Etat, ce mot sert désormais de thème mobilisateur. Il n'y a pas si longtemps, nous avions droit au thème : mouvement breton = nazi , campagne qui a culminé avec le film BZH et la focalisation sur la personne de Roparz Hemon : R. Hemon au service de la propagande nazie à radio Rennes (thèse de Ronan Calvez), R.Hemon gestapiste ( présence à l'Assemblée nationale " d'historiens", soutenus par les députés Félix Leizour et Alain Gouriou) Actuellement, le nouveau thème concocté par l'Etat, et qui s'applique à tous les mouvements régionalistes, est celui du communautarisme. Au thème Mouvement Breton = nazi s'est substitué une nouvelle équation : régionalisme = communautarisme. J'ai étudié la technique de la désinformation ainsi que les réseaux occultes qui lui servent de vecteurs. Elle fait partie de l'arsenal inépuisable de la République déclinante. Régulièrement nous aurons affaire à des variations sur ces deux thèmes : tantôt le nazisme génétique du mouvement breton, tantôt la perversion du communautarisme. Hanté par le spectre d'un éventuel effondrement, cet "Etat-Nation", artificiellement construit sur la négation des nationalités, préfèrera sans doute user de tels stratagèmes à l'avenir, au lieu de procéder aux réformes institutionnelles nécessaires. Que cela ne nous empêche pas de dormir!

MORALE ET POLITIQUE

Avant de terminer, je voudrais soulever un problème crucial. Mais je ne pourrai que l'effleurer ici. Quel est, à votre avis, le point faible chez tous ces défenseurs du jacobinisme politique ? Sous quel angle peut-on véritablement les attaquer? Face à quel argument se révèlent-ils infiniment faibles ? C'est sur le plan moral. Ils auront beau invoquer les grands principes républicains, enrober leurs pratiques ethnocidaires du chocolat de la "communauté de citoyens", du "pacte républicain", de la "Volonté Générale"et autres sornettes, nous pouvons toujours leur rétorquer que leurs pratiques sont immorales, voire criminelles : détruire une langue, détruire une culture, c'est détruire des hommes. Le saccage d'une identité collective ne relève pas de la civilisation, mais de la barbarie. On touche profondément à la dignité de l'être humain. Si j'avais le temps, je m' appuierais sur des faits qui peuvent faire l'unanimité : le taux d'alcoolisme breton depuis la première guerre mondiale, et maintenant le taux de suicide qui dépasse de 60% la moyenne française. Des hommes debout transformés en épaves. Et comme la centralisation politique est le moteur essentiel de ce laminage des cultures, ajoutons aussi, quoi qu'en pense M. Coudurier, que le système centralisé est foncièrement immoral : il entraîne trop de souffrances, d'inégalités, d'injustices et de frustrations. Mais restons résolument optimistes. Peut-être arrivera-t-il un jour que quelques hommes politiques lucides et courageux se dégageront de l'armure d'une idéologie désuète, qui confond nationalité et citoyenneté. Il n'est pas impossible que la France de demain se régionalise, et que la République centralisée et jacobine devienne, à l'image des sociétés qui nous entourent, une véritable démocratie, c'est-à-dire un pays où la politique se réfèrera aux principes moraux fondamentaux.

Fañch Kerrain

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