(À propos de la conférence de presse de Nicolas Sarkozy du 8 janvier sur la politique de civilisation.)
À plus d'un titre nous avons bu les paroles du président de la République.
Il a d'abord été question d'une conviction profonde et d'un engagement très fort. Nous avons noté que le Président avait, pour ses concitoyens, amour, respect de la différence et de la diversité, qu'il était capable d'une analyse intéressante de la défiance actuelle des Français vis à vis de la politique... Qu'il fait sien le concept d'Edgar Morin de « politique de civilisation » . Et cite même, avec lui, comme impératif, à côté de la solidarité : le "ressourcement identitaire". Les références à Édouard Balladur ou Simone Veil sont rassurantes et nous approuvons le projet de compléter le préambule de la Constitution afin d'y intégrer des modifications qui seront de toutes façons indispensables si l'on doit ratifier la Charte des droits fondamentaux de l'Union. Tous les autres couplets sur la culture, l'école, la télévision ne nous déplaisent pas.
Cependant, le président de l'Association des Écrivains Bretons s'est permis de poser quelques question sur le blog du président comme suit :
M. le président de la République,
Dans votre conférence de ce jour vous avez employé un mot qui m'a surpris et que je n'arrive pas à interpréter : il s'agit du "ressourcement identitaire" (p2). Voici quelque chose de nouveau. Reconnaissant par ailleurs en vous un apôtre de la diversité, ma question sera simple :
— Ce ressourcement identitaire, cette diversité que vous appelez de vos vœux, signifient-t-ils la référence à une identité monolithique française ou celle-ci peut-elle être plurielle ?
— Une identité bretonne peut-elle être compatible avec une "remise dans la République des territoires" et qu'entendez vous par là ? (p5) Acceptez-vous, enfin, de ne pas qualifier un tel ressourcement, forcément pluriel, de "repli", comme l'ont fait la plupart de ceux qui vous ont précédé, mais comme une contribution ?
— Si votre vision de la question devait rester celle que nous avons toujours entendue, comment alors concilier l'idée d'une constitution "en avance" alors qu'elle n'est pas encore « à niveau » dans les domaines des droits fondamentaux de la culture ou des langues ?
Yves Lainé, président de l'Association des Écrivains bretons.