- Communiqué de presse -
Comment peut-on encore se sentir français
Mais de quoi le gouvernement de l'état français a-t-il peur pour lancer son débat sur l'identité nationale ? Aujourd'hui, pour le ministre de l'Immigration et de l'identité nationale Eric Besson,
Par Michel Herjean pour Ligue Bretonne des droits de l'Homme le 9/11/09 2:55

Mais de quoi le gouvernement de l'état français a-t-il peur pour lancer son débat sur l'identité nationale ?

Aujourd'hui, pour le ministre de l'Immigration et de l'identité nationale Eric Besson, parler de la nation (française) serait devenu «politiquement incorrect» . Et de l'expliquer : «les dérives du nationalisme, le développement de nouvelles formes de communautarisme et de régionalisme, la construction progressive d'une identité européenne, et la mondialisation accélérée des échanges, apparaissent à certains comme susceptibles de remettre en cause l'idée même de Nation» .

L'épouvantail communautariste est lâché.

En France depuis quelques années, l'épithète "communautariste" a été accolé à tous les discours politiques qui l'ont désigné comme une manifestation d'hostilité à la pensée républicaine, laïque et ultra centralisatrice, ou du moins à sa forme extrême, quasi-religieuse et dogmatique véhiculée par certains intellectuels français. Les thèses de ce type d'anti-communautarisme reflètent des conceptions ethnocentristes nationalistes étriquées et finalement discriminatoires, autrement dit, elles correspondent elles-mêmes à une forme de communautarisme, déviante, excessive et réactionnaire, qui sert de support à des manipulations de l'opinion publique.

Alors qu'à l'origine le communautarisme identitaire est un mouvement de pensée qui s'est développé dans les années 1970 - 1980 dans le monde anglo-saxon. Il fait de la communauté une valeur importante. Il se pose comme réaction au libéralisme et à l'individualisme érigé en système. Une communauté est un groupe humain constitué géographiquement ou historiquement sur un territoire donné, et qui partage une culture dont, souvent, une langue commune. C'est le cas des peuples, nations, civilisations, ethnies ou minorités ethniques, pour lesquelles les critères géographique et historique sont fondamentaux.

C'est le cas pour la Bretagne. Pourtant sa langue, longtemps censurée, n'est toujours pas reconnue et enseignée à sa juste valeur malgré les promesses successives des dirigeants français. La dernière en date est celle de Christine Albanel qui le premier juin 2008 s'exprimait ainsi sur le sujet :" C'est un patrimoine national, et une force vivante quoique menacée. A ce titre, l'État a une responsabilité de premier rang dans la valorisation et le développement des langues dites régionales. C'est pourquoi, au nom du Gouvernement, j'ai annoncé le 7 mai dernier à l'Assemblée nationale qu'un projet de loi serait déposé, qui concernera leur présence dans l'enseignement, les médias, la culture et les services publics". On attend toujours.

Pendant ce temps, le gouvernement lance un débat sur l'identité nationale. Les discussions seront alimentées par le rapport du Haut Conseil à l'Intégration, « Faire connaître les valeurs de la République » , et un rapport parlementaire sur « le respect des symboles de la République» . Le drapeau et l'hymne bien évidemment.

Du réchauffé.

Officiellement, d'après la loi Fillon, l'apprentissage de la Marseillaise, l'hymne national français est obligatoire depuis de la rentrée scolaire 2005. Dans le cadre du projet de loi d'orientation sur l'école, les députés avaient adopté dans la nuit de vendredi à samedi 19 février 2005 un amendement du député Jérôme Rivière UMP (Alpes-Maritimes) qui rendait obligatoire l'apprentissage de la Marseillaise à l'école primaire. La circulaire de rentrée, publiée mercredi 31 août, précisait que le primaire "offre un enseignement d'éducation civique qui comporte obligatoirement l'apprentissage de l'hymne national et son histoire».

Ainsi les professeurs des écoles devraient apprendre par cet hymne guerrier et barbare à une quantité non négligeable d'écoliers que le sang de leurs ancêtres était impur. Comme on enseignait, fut un temps, aux petits Algériens et autres enfants colonisés que leurs ancêtres étaient des Gaulois qui étaient sans doute les seuls à avoir un sang pur. Heureusement cette circulaire du mois d'août 2005 n'est que faiblement appliquée dans les écoles, tout au moins en Bretagne.

Les mots ont un sens : le faire avec les paroles d'origine est une véritable leçon d'appel à la violence et de xénophobie, pas de quoi être fier d'être français !

L'identité nationale française est artificielle, voulue par un état centralisateur qui au nom de l'uniformité au lieu de l'égalité de sa devise s'est toujours employé à gommer les identités, celles-là bien réelles, des nombreuses « minorités » vivant sur son territoire. M.Herjean

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