Belle affluence hier soir au Musée Social à Paris, avec 150 personnes, à l'occasion du colloque organisé par Paris Breton. Le groupe de réflexion avait mis en place deux tables rondes sur la régionalisation et la Bretagne suivies d'un débat animé avec les Bretons, les amis de la Bretagne et les journalistes.
Deux temps forts de la soirée :
- COMMENT FAIRE DE LA BRETAGNE UNE PUISSANCE ECONOMIQUE EUROPEENNE »
- UN POUVOIR REGIONAL, POUR QUOI FAIRE »
Trois heures d'échanges avec des invités de choix :
Michel-Edouard Leclerc, Marylise Lebranchu (Députée et ancienne Ministre), Jean Claude Le Gall (Produit en Bretagne), Joseph Kergueris (Sénateur), Jean Bannier(CMB), Christine Bodeau (Anvar), Jean Yves Thomas (Consultant) pour la première table ronde économique menée par Yannick Le Bourdonnec, l'ex-rédacteur en chef du Nouvel Economiste et écrivain (auteur du Miracle breton).
Jean-Yves Le Drian (Député et ancien Ministre), Marc Le Fur (député et conseiller régional), Philippe Nogrix (Sénateur) et Jean Ollivro (Maître de conférence à l’Université de Rennes II) pour la deuxième table ronde consacrée à la politique et dirigée par François Grosrichard, journaliste au Monde.
L'Agence Bretagne Presse a assisté aux échanges organisé par la diaspora bretonne en Ile-de-France qui compte bien se faire entendre.
un compte rendu plus complet sera publié prochainement. Nous presentons ici juste quelques extraits du colloque.
Le Député Marc Le Fur qui a été remarqué cette année pour sa tentative de faire changer l’article 2 de la Constitution rappela que rien ne changera en Bretagne tant que la région ne sera pas adoptée par les têtes et les cœurs. « Nous devons décentraliser les têtes » car « il y a autre chose entre l’individu et l’état ». Il a rappelé que la nouvelle décentralisation institutionnelle voulue par le gouverneent Raffarin offrait de nombreuses opportunités et qu’il fallait les saisir.
Le Député Jean Yves Le Drian quant a lui n’a pas hésité à dire que « le pouvoir, ça se prend » en parlant justement du droit à l’expérimentation proposée par M. Raffarin. Comme Le Fur il déplore que les Bretons ne soient pas plus intéressés par leur région au niveau politique. Il se basait sur un sondage récent d’Ouest France.
Malgré ce desinteressement des Bretons à des solutions politiques, tous les participants se sont accordés pour affirmer que l’ attachement des Bretons a leur identité n’a jamais été aussi fort et que la langue était une pierre angulaire de cette identité qu'il fallait absolument sauver. On a parlé de nouvelle fierté des Bretons a se dire Breton et de "region a caractère".
Malgré tout, les intervenants n’ont pas hésité à parler d’un retour menaçant du jacobinisme depuis quelques mois, focalisé autour du problème du voile a l’école. D’un autre coté le renforcement du pouvoir des départements qui profitent de la décentralisation pour s’octroyer des pouvoirs que la région ne prend pas est inquiètant. Malgré tout ce qu’on a pu en dire, le Grand Ouest représenterait toujours une menace. À ce sujet Le Drian affirma que la force d’une région ne venait pas de sa taille mais « de la volonté de ses habitants de vivre ensemble » et « Il suffit de voir la taille de certains nouveaux états membres de la communauté européenne ».
Sur le plan économique, tout le monde s’est accordé a dire que malgré la conjoncture actuelle la Bretagne s’en sortait pas plus mal que les autres régions. La Député Marylise Le Branchu trouve malgré tout que la Bretagne garde toute sa créativité. Par contre, elle remarquait que si les chiffres du chomâge sont meilleurs en Bretagne que la moyenne nationale, ca peut aussi être dû au fait que justement beaucoup de chômeurs quittent la région. Jean Claude Le Gall, a affirmé que la création d’entreprises, surtout des PME, était aussi au dessus de la moyenne nationale, et que 18000 emplois avaient ete crées dans la région de Brest après le départ de la DCN.
D'un autre coté,Jean Olivro a déploré encore une fois le fait qu’une région aussi maritime que la Bretagne ne représentait que 1,8% du commerce maritime national. Mr Thomas rappela que seulement 15000 conteneurs passaient par Brest. Six millions transitent par Rotterdam et 120000 seulement par Nantes/ St Nazaire. Par contre le commerce routier se porte bien car grâce aux exportations agricoles 850 camions quittent la Bretagne chaque jour.
M. Michel-Edouard Leclerc a rappelé que les structures mises en place dans les années 60 n’étaient plus viables ou valables aujourd’hui. Le structurant devient déstructurant. Des structures comme le syndicalisme agricole ou les coopératives, très efficaces en leur temps pouvaient devenir des freins aux problèmes posés par la pollution ou meme la mondialisation. Il a posé la question des nouveaux réseaux de distribution qui correspondraient aux nouvelles technologies de communications.
D’après M. Leclerc, si la région de Brest s’est bien reconverti après le départ de la DCN et des chantiers navals, il n’est pas sûr que les Bretons comprennent bien les enjeux et les structures nécessaires pour le futur.
Le débat final a vite tourné sur les problèmes de Diwan et les questions posées concernaient la langue bretonne. Les députes présents ont rappelé avoir échoué de très peu dans leur projet de faire modifier l’article 2 de la Constitution, mais ont reconnu qu il serait plus facile de changer l’article 59. Ils espèrent le proposer au parlement bientôt. Le Fur comme Le Drian réaffirmèrent que le problème était constitutionnel et que c’était le président Chirac qui avait saisi le Conseil constitutionnel au sujet de la ratification de la Charte des Langues Minoritaires alors que Jospin l’avait fait adopter par le Parlement.
La Rédaction de l'Agence Bretagne Presse
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