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Les Catalans à Bruxelles
Les Catalans à Bruxelles
- Communiqué de presse -
L’avenir de la démocratie européenne se décide en Catalogne
Oriol Junqueras, ex-député européen et dirigeant catalan emprisonné en Espagne, et François Alfonsi, eurodéputé, demandent «la fin de la répression en Catalogne, et l’amnistie pour les élus indépendantistes qui subissent des condamnations». L'Europe ne peut accepter qu’une démocratie digne de ce nom ait des prisonniers politiques
Par pour Le blog de François Alfonsi le 10/03/20 7:42

Oriol Junqueras, ex-député européen et dirigeant catalan emprisonné en Espagne, et François Alfonsi, eurodéputé, demandent «la fin de la répression en Catalogne, et l’amnistie pour les élus indépendantistes qui subissent des condamnations». L'Europe ne peut accepter qu’une démocratie digne de ce nom ait des prisonniers politiques et «défendre la démocratie en Catalogne, c'est défendre l'Europe et son avenir démocratique».

Nous sommes tous les deux députés européens élus le 26 mai 2019, et nous partageons un même combat, l’un pour la Corse, l’autre pour la Catalogne. Homme politique corse, élu en France, l’un siège au Parlement Européen dans la plénitude de ses droits. Homme politique catalan, élu en Espagne, l’autre est retenu en détention en Espagne, privé arbitrairement de son immunité parlementaire, alors que la Cour de Justice de l’Union Européenne a jugé le 19 décembre dernier que « cette immunité impliquait de lever la mesure de placement en détention provisoire imposée (...) afin de lui permettre de se rendre au Parlement Européen ».

Déjà, il y a dix ans, nous avons siégé ensemble au Parlement Européen, dans le même groupe qu’aujourd’hui, le groupe Verts-ALE. Nous y avons partagé les mêmes combats pour la démocratie, pour l’Europe, pour les droits de tous les citoyens et de tous les peuples européens. Rien ne nous différencie sur les valeurs essentielles : rejet de la xénophobie et du racisme, respect de la démocratie, refus de la violence. Pourtant l’un, en France, est libre, l’autre, en Espagne, a été condamné à 13 années de prison.

Treize années de prison ! De telles durées de détention sont prononcées, n’importe où en Europe, pour les délits les plus graves ; pas pour avoir participé à l’organisation, comme dirigeant élu, d’un referendum d’autodétermination où des millions d’électeurs se sont exprimés de façon libre et consciente. En vérité il faut aller en Turquie pour voir de telles condamnations frapper des opposants politiques !

Nous nous sommes à nouveau croisés le 23 février dernier, non plus dans les couloirs du Parlement à Bruxelles, mais dans ceux d’une prison en Catalogne. Oriol Junqueras est un prisonnier politique au cœur de l’Union Européenne, aux portes de la France, au mépris de la décision de la Cour de Justice de l’Union Européenne.

La répression a été la seule façon dont l’Espagne a géré l’aspiration démocratique de plus de deux millions de catalans. Elle a frappé le gouvernement qui a organisé le referendum, et elle persécute aussi des dizaines de fonctionnaires de deuxième et troisième rang qui font face à des amendes « millionnaires », et même à de la prison, pour avoir, par exemple, invité des députés d’autres pays au referendum du 1er octobre comme observateurs internationaux, ou avoir diffusé une publicité annonçant le referendum à la télévision publique.

Nous vivons une période difficile pour la démocratie en Europe. Certains pouvoirs attaquent la démocratie et ses valeurs fondatrices. Avec la possible arrivée de gouvernements extrémistes à la tête de certains États européens, on peut imaginer des situations où on verra révoquer des élus, modifier les majorités, et faire taire l’opposition. Aussi l'Europe ne peut pas détourner le regard lorsqu'un des États membres décide de violer une décision de la CJUE et ignorer la primauté de la justice européenne, ni ne peut accepter qu’une démocratie digne de ce nom ait des prisonniers politiques.

La répression n'est pas la solution. Seulement le dialogue, la politique et la démocratie le seront. C'est pourquoi nous demandons la fin de la répression en Catalogne, et l’amnistie pour les élus et responsables indépendantistes qui subissent des condamnations ou des poursuites. Nous voulons la réussite de la table de négociation qui a été décidée entre la Catalogne et l'Espagne, et pour que les Catalans puissent voter par referendum sur l’indépendance comme ont pu le faire d’autres démocraties en Europe, par exemple en Ecosse.

Le conflit catalan, né de l'aspiration légitime d'une (grande) partie du peuple catalan qui veut devenir indépendant, est désormais aussi un problème de violation des droits fondamentaux et un conflit démocratique au cœur de l'Europe.

La solution pour la Catalogne viendra aussi de l'Europe et de ses institutions. La Catalogne est l'occasion pour l'Europe de se mettre du côté de la démocratie et de combattre les forces qui veulent la détruire. Les démocrates européens doivent savoir que les ennemis des indépendantistes en Catalogne, qui sont l'extrême droite représentée par Vox, sont également les ennemis de l'Europe : Salvini, Le Pen ou Abascal sont une même chose. Défendre la démocratie en Catalogne, c'est aussi défendre l'Europe et son avenir démocratique.

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