En Bretagne, Maria Vadillo n'est pas tout à fait une élue comme les autres. Vice-présidente du Conseil régional chargée du tourisme et du patrimoine, elle est aussi l'épouse du président Jean-Yves Le Drian. ABP a souhaité mieux connaître cette Rennaise, et l'a interviewée en août, entre son tour des professionnels bretons et son départ en vacances en Castille, d'où elle est originaire.
ABP - À la suite des dernières élections, vous êtes passée de simple conseillère régionale à vice-présidente en charge du tourisme et du patrimoine. Comment s’est passée votre promotion ?
Maria Vadillo - Le Président souhaitait à la fois renouveler l’équipe et conserver des personnes d’expérience. Il a demandé à ceux qui avaient été réélus de tourner afin d’avoir un regard neuf. Il m’a proposé le tourisme, et cela me convenait tout à fait.
ABP - Vous êtes mariée à Jean-Yves Le Drian. Cela change-t-il quelque chose dans l'exercice de vos fonctions ?
M. V. – Non. Je veille à ce que cela ne nuise pas. Nous échangeons sur nos responsabilités mutuelles, même si nous gardons une étanchéité. Tout ce qui est ma vie politique à Rennes me concerne. Pour le Président de région, c’est pareil.
ABP - Siégez-vous toujours au conseil municipal de Rennes ?
M. V. – Mes fonctions à la Ville sont devenues moins importantes. Je souhaitais exercer des responsabilités au niveau de Rennes Métropole. J’ai donc demandé à son président Daniel Delaveau la vice-présidence à l’international. Cette fonction autour du rayonnement de la métropole et des réseaux internationaux est davantage tournée vers la Bretagne que vers la Ville. Elle est liée aux responsabilités que m’a confiées le président de Région puisque Rennes est la capitale de la Bretagne.
ABP - Lors de la présentation de la nouvelle campagne de promotion de la Bretagne à Lorient, vous avez fait état de vos origines. Que signifie votre nom ?
M. V. – Vadillo, ça veut dire un petit gué. Ce nom n’est pas si courant en Espagne. Mes parents qui sont de la Vieille Castille sont venus s’installer dans la Sarthe quand j’avais 5 ans. C’est plus tard, à 17 ans, que je suis venue en Bretagne pour faire des études de Lettres avant d’enseigner le français.
ABP - Comment avez-vous ressenti le débat ouvert par Nicolas Sarkozy sur les Français d’origine étrangère ?
M. V. – Mes parents trouvaient normal que leurs enfants devinssent français, à partir du moment où ils savaient que nous ne reviendrions jamais. Ils ont demandé la naturalisation, et l’enquête a duré longtemps. Pour ma part, je ne peux imaginer que l’on retire la nationalité à quelqu’un qui est français, et qui encore plus est né en France. Quand on est français, on l’est pour toujours.
ABP - Depuis quelques années, parmi les touristes étrangers, les Espagnols sont les premiers visiteurs de Rennes. Cela doit vous faire plaisir ?
M. V. – Tout à fait ! Les Espagnols tout comme les Italiens viennent ici parce qu’il n’y a pas la canicule des pays méditerranéens, mais aussi parce qu’il y a un mode de vie très convivial avec beaucoup de fêtes de toutes sortes qui ont toutes à voir avec la culture. Le patrimoine est aussi très important. Les Espagnols éduqués y sont très sensibles.
ABP - Avec les volontés d’émancipation de la Catalogne ou du Pays Basque, pensez-vous que l’Espagne ait un avenir ?
M. V. – Bien sûr que oui ! Cela me chagrine que la région la plus riche veuille faire sécession. C’est vraiment un manque de solidarité. Le comportement de certains Catalans n’est pas exemplaire. Néanmoins, il se peut que, dans une centaine d’années, ce soient les régions qui permettent aux gens de s’ancrer et que le gouvernement soit plus mondialisé. Aujourd’hui, ce n’est pas à l’ordre du jour.
Propos recueillis par Ronan Le Flécher