Dans le domaine des idées reçues têtues, qui ont du mal à se dissoudre, il y a cette notion absurde (et même ruineuse) que le capitalisme américain est "sauvage" et que le businessman yankee fait ce qu'il veut. Rien de plus faux. C'est en fait tout le contraire et tout spécialement pour les banques. Les banques américaines sont en fait les plus régulées du monde. Oui elles sont bien plus surveillées et réglementées que les banques françaises. Je suis bien placé pour le savoir pour avoir travaillé 3 ans à la Wells Fargo. Il n'y a que depuis 15 ou 20 ans que les banques américaines peuvent s'installer dans d'autres états que leur état d'origine et obtenir une dimension fédérale. Elles doivent par ailleurs s'en tenir au secteur bancaire.
Pas la peine de rappeler ici les lois anti-cartels et anti-monopoles dont fut victime la compagnie de téléphone Bell et même le tout-puissant Microsoft. Le capitalisme français, longtemps sous la protection des nationalisations et de l'administration de l'État ne s'est jamais embarrassé de scrupules car pour faire la loi ou la changer, il suffisait de frapper au ministère au bout du couloir. Le capitalisme mixte pousse à l'irresponsabilité et à la corruption puisque ceux qui ont accès à l’État sont favorisés. Cela ne veut pas dire que le capitalisme américain est d’une intégrité parfaite. Loin de là. Le scandale Enron est là pour nous le rappeler.
Le Crédit Lyonnais a ainsi cru naïvement qu'il pouvait acheter, en magouillant avec une couverture, la compagnie d'assurance Executive Life, en dépit des lois californiennes qui interdisent de telles opérations. La gaffe a donné le coup de grâce à cette banque rachetée par le Crédit Agricole. À l’époque toutefois, l'État était le principal actionnaire et donc ce sont les contribuables français comme d’habitude qui vont payer le milliard d’amendes et de dédommagements. En tout, cela pourrait monter à 3 milliards de dollars. En estimant qu’il y a 20 millions de contribuables en France, cela fait quand même 150 euros par personne. Merci mais où sont et qui sont les responsables ? Quel tribunal français va les mettre en examen et les envoyer en prison ?
Notre compatriote François Pinault, qui s'est fait rouler en rachetant Executive Life, a accepté de payer à l'État de Californie et au procureur fédéral américain la somme de 185 millions de dollars. On n'ose a peine imaginer ce que 185 millions de dollars auraient pu faire pour Diwan ou le développement de la Bretagne en général ! Cela n'intéresse pas forcément Pinault... mais nous ces 150 euros on aurait pu les réinvestir dans Diwan et sauver la langue bretonne.
Le Crédit Lyonnais a été victime de la culture anti-américaine ambiante, des clichés faciles véhiculés par les médias et tout simplement de son ignorance des lois et pire son habitude de l'impunité dans laquelle cette banque s'était installée.