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Marre d'être mal-aimés ! Ces paysans qui communiquent
Entre coups médiatiques, manifestations et émissions de télé, les paysans communiquent pour défendre leurs intérêts et montrer le visage de l'agriculture d'aujourd'hui. La profession pâtit encore de nombreux clichés
Anne-Edith Poilvet pour Armor Magazine le 16/10/10 11:08

Entre coups médiatiques, manifestations et émissions de télé, les paysans communiquent pour défendre leurs intérêts et montrer le visage de l'agriculture d'aujourd'hui.

La profession pâtit encore de nombreux clichés. La crise de la vache folle, la grippe aviaire, la pollution par les nitrates, l'invasion des algues vertes et le marasme dans différentes filières ont donné l'occasion de stigmatiser les agriculteurs. Il est bien normal que, souvent, ces derniers se sentent mal-aimés. L'image des agriculteurs dans l'opinion est pourtant plutôt bonne. Elle s'améliore même si l'on se fie à une enquête réalisée par Ifop avant l'ouverture du Salon de l'agriculture 2010. Sur le plan économique, les exploitants agricoles apparaissent, plus modernes (78%, +9 points) et plus compétitifs (60%, +4 points) que l'an dernier. On observe également un regain de confiance à leur égard pour leur respect de l'environnement (55%, +12 points) et la santé (69%, +16 points).

Plus des trois quarts des personnes interrogées estiment que les consommateurs peuvent avoir confiance en eux (79%, +11 points). Même s'ils sont toujours perçus comme une catégorie assistée (49%), les exploitants agricoles apparaissent, sur le plan social et notamment syndical, moins violents (15%, -13 points) et moins égoïstes (24%, -6 points) aux yeux des Français. « On a souvent accusé le monde agricole de casser », déplore le président de la FNSEA, Jean-Michel Lemétayer. « Nous devons être capable de faire passer nos messages, comme toutes les autres catégories professionnelles. »

Séduire et convaincre

Et ils communiquent même très bien. Le 16 octobre 2009, à l'appel de la FNSEA et des Jeunes Agriculteurs, ils étaient quelque 50 00 personnes à bloquer les Champs-Élysées et à investir avec leurs tracteurs plusieurs capitales régionales, dont Rennes et à Nantes. « Nous avons besoin de communiquer auprès de ceux qui nous gouvernent, y compris jusqu'à Bruxelles », explique Jean-Michel Lemétayer. Leur cri a été entendu, puisqu'ils ont obtenu un plan de relance financé par la France et l'Europe. Le 28 avril dernier, les céréaliers sont montés au créneau pour défendre la chute de leurs revenus. Rien qu'à Paris, ont défilé dans le calme plus de 11 000 manifestants et 1 500 tracteurs.

Quel choc aussi tous ces milliers d'hectolitres de lait déversés dans les champs à l'automne 2009 ! En Bretagne, l'un des rassemblements les plus spectaculaires de la « Grève du lait » avait réuni près de 300 tracteurs à Sainte-Tréphine, dans les Côtes d'Armor. Un vrai fleuve blanc sur une parcelle ! L'association des producteurs de lait indépendants (APLI) et leurs homologues européens ont bien marqué les esprits.

Au-delà des manifestations ou des opérations coup de poing, l'agriculture veut aussi séduire le grand public, à commencer par les consommateurs. « Il y a une attente très forte de la part des gens pour les agriculteurs car ils produisent l'alimentation », expliquait lors d'une conférence au Space 2009 François Benard, publicitaire et directeur général associé chez Publicis Activ.

Stars de l'audimat

Les paysans ouvrent volontiers leurs portes pour montrer ce qu'ils font. Des démarches du type « Bienvenue à la ferme » mettent en relation directe producteurs locaux et consommateurs. Le « cyclo-foncier » représente une initiative originale. Au printemps, de jeunes paysans en voie d'installation ont parcouru la Bretagne à vélo, de Nantes à Rennes, en passant par Brec'h, Douarnenez et Rostrenen pour aller « à la rencontre des habitants, des paysans, des institutions agricoles et politiques, des lieux de vie, des terres en luttes pour échanger, débattre. » C'est l'un des problèmes, la profession confrontée aux départs en retraite et préretraite manque de bras et de sang neuf. La campagne de communication de la FNSEA « L'agriculture, des métiers à la mode » ciblait notamment les jeunes.

Mais, persiste une forte méconnaissance de l'activité agricole et de la diversité des métiers. Il y a plusieurs agricultures et plusieurs types d'agriculteurs, comme on a pu le découvrir sur le petit écran. Céréaliers, éleveurs, aviculteurs et maraîchers, onze jeunes gens étaient ten quête de l'âme sœur. Chaque mardi pendant deux mois, « L'amour est dans le pré » a fait le bonheur de M6 avec une belle moisson de téléspectateurs. Avec près de cinq millions d'inconditionnels, le docu-réalité estival est arrivé en tête des audiences. Lancée en 2006, l'émission est devenue l'émission phare de la chaîne. « En participant à l'émission, je souhaitais communiquer sur l'image des agriculteurs, a reconnu Loïc Pelletier, candidat vedette en 2008. Ce programme montre notre réalité : une agriculture moderne, diverse, ancrée dans son époque avec … le jeu de la rencontre en plus ! »

L'agriculture fait campagne

La télé-réalité est une manière comme une autre pour le public de renouer avec les traditions rurales. Bien sûr, tout n'est pas rose. Le Télégramme a consacré en juin une enquête sur « Le malaise agricole » afin de prendre le pouls de « l'agriculture bretonne (qui) traverse une crise sans précédent, qui touche l'ensemble des productions ». Le tableau n'était guère réjouissant. Benoît, 20 ans, élève en deuxième année de BTS au lycée agricole affichait, pour sa part, un bel optimisme. Ce fils d'éleveurs de porcs à Saint-Gilles-les-Blois en est persuadé : « Notre génération devra aussi communiquer beaucoup en direction de la société pour lui faire connaître notre vrai visage. »

L'image d'ennemis de l'environnement colle à la peau des agriculteurs ? « Il est temps de faire savoir (…) que les paysans n'ont aucune envie de polluer la terre qu'ils laissent à leurs enfants. Ils ont beaucoup investi dans la lutte contre la pollution. » Et de conclure : « Ne laissons plus d'autres prendre la parole à notre place. » Dans le second volet de son enquête, le quotidien breton mettait en avant le désenchantement de Jean-Jacques, 42 ans, à la tête d'une exploitation porcine à Plourin-Ploudalmézeau, dans le Finistère : « Les paysans ont l'impression que personne ne les écoute. Ils n'ont plus confiance en personne. » C'est peut-être pour cette raison qu'a émergé chez nous aux dernières élections régionales une liste issue du monde agricole « Terres de Bretagne ». Si le résultat est resté faible (2,64% des suffrages exprimés), les paysans en campagne ont profité de cette tribune. Les agriculteurs communiquent, qu'on se le dise !

article publié dans le magazine armor, lire le dossier complet sur l'agriculture dans le numéro de septembre 2010

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