On le sait l’organisation de la Redadeg est minutieuse et le timing, dans la réalisation, est étonnant de précision. A Port-Louis / Porzh-Loeiz, tout était prêt pour faire passer le bâton-témoin d’un bord à l’autre de la rade de Lorient / An Oriant, soit un parcours maritime de deux kilomètres.
Le pays breton ne manque pas de navigateurs s’étant illustrés dans la course au large, et/ou ayant poursuivi une activité professionnelle en rapport avec l’océan. Plusieurs s’étaient donc donné rendez-vous pour cet épisode atypique :
. Yvon Fauconnier, ancien vainqueur d’une transat, dont le petit voilier « Extra..vagant » servira de passeur
. Eugène Riguidel, son compère, l’homme à la casquette connu comme écologiste et également fervent défenseur de la langue bretonne, a déjà joué les passeurs dans d’autres éditions de la Redadeg
. Alain Malardé, qui a beaucoup pratiqué le convoyage, est à la barre d‘un voilier traditionnel, le langoustier « Bro Warok », un nom qui appartient à l’histoire de Bretagne. La langue bretonne, dans sa tonalité vannetaise, est volontiers pratiquée à bord, en particulier entre Beatris la mère, enseignante à Diwan, et Maria la fille ainée, étudiante en breton à l’université de Rennes.
Le passage de la Redadeg est un événement festif.
A bord du « Bro-Warok », des peintures ont été refaites ces derniers jours. Et le bateau, pimpant, est prêt à accueillir un groupe de musiciens locaux (clarinettes): Sonam, qui se déploiera à l’avant du navire, près du mat de beaupré.
Tandis que l’« Extra…vagant » accueillera un couple de sonneurs (bombarde et biniou), confiné près du tableau arrière tout au long de la traversée.
Un parfum d’aventure flotte à l’approche de la course. Une dizaine de minutes avant l’arrivée de la camionnette suivie du coureur kilométrique, le « Bro Warok » largue ses amarres dans un grand coup de corne de brume. Il part au moteur. La rade est ventée. C’est pourquoi la voile sera utilisée pour stabiliser le navire.
Bientôt, l’« Extra…vagant » surgit, frêle esquif, qui file rapidement sous voile, traçant sa route au mieux des courants venteux et marins, frôlé au passage par la navette « Talhouant », et plus encore par des bateaux-accompagnateurs qui virevoltent autour du prestigieux passeur, guettant le bâton-témoin, maintenu le plus visible possible, en permanence à bout de bras. Haut les cœurs !
Finalement, la traversée est étonnamment rapide. L’ennui, ce pouvait être à quai, dans le temps de l’attente, mais en mer, c’est le temps de l’action. Il est surprenant de constater que tout bouge à tout instant. Voici le « Breizh nevez », nouveau bâtiment conçu et construit pour assurer la liaison régulière avec Groix, admis au service en 2018, en remplacement de l’ancien « Kreiz-er-mor ».
Le rideau de béton des blocs de la base sous-marine s’estompe, l’ile Saint Michel et sa végétation verdoyante est bientôt doublée. Dès lors, nous sommes en vue de l’embarcadère qui marque l’arrivée. Ceci va nous permettre d’apercevoir de plus près, à distance photographique, le fameux bâton-témoin. Celui-ci a été pris au km 1138, il sera restitué, au terme de cet épisode maritime, au km 1140. Il disparaît happé dans la ville. La Redadeg continue.
« Betek an Trec’h ! ».
Mise-à-jour 11/05/2018
Pour écouter la chanson officielle de la Redadeg 2018 (youtube, 3mn27), interprétée par le trio Salsardin
Paroles - texte original breton de Marine Lavigne, et traduction française, source: www.ar-redadeg.bzh: