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- Communiqué de presse -
L'ibis, c'est sacré !
Le préfet de Loire-Atlantique vient de prendre l'horrifiante décision d'éradiquer l'ibis sacré, vivant en Bretagne depuis 1975. Il est possible que cette décision soit étendue à d'autres départements. La méthode préconisée dans un rapport de l'Office National pour la Chasse et la Faune Sauvage (l'ONCFS) sera mise en pratique le
Bertrand Deléon pour Collectif pour la Protection de l’Ibis de Bretagne le 25/02/07 20:57

Le préfet de Loire-Atlantique vient de prendre l'horrifiante décision d'éradiquer l'ibis sacré, vivant en Bretagne depuis 1975. Il est possible que cette décision soit étendue à d'autres départements. La méthode préconisée dans un rapport de l'Office National pour la Chasse et la Faune Sauvage (l'ONCFS) sera mise en pratique le 15 mars prochain. Il s'agit de « mêler le tir au fusil lors des passées vers le dortoir, tir à la carabine (tir précis et donc sélectif ; avec modérateur de son, petit calibre et charge réduite) sur dortoir et carabine plus puissante (type 222 quand tir fichant possible) sur certains dortoirs et bandes d'ibis au sol. »

Un faisceau d'intérêts communs entre associations de chasseurs et écologistes compromis apparaît clairement et motive le choix arbitraire de la préfecture. En effet, le rapport de l'ONCFS révèle que :

- Les chasseurs sont tous opposés à la présence de l'ibis alors que scientifiques et naturalistes restent nuancés. Les professionnels de la mer et agriculteurs sont quant à eux peu ou pas dérangés par la présence de l'oiseau. L'opinion publique représentée par les promeneurs est favorable à 91,3 % à la présence de l'ibis dans nos zones humides. Cette décision est donc aussi irrationnelle qu'impopulaire.

- La fréquentation des décharges d'ordures ménagères à ciel ouvert par les ibis permet la survie de l'espèce lors des vagues de froid. C'est cette nourriture artificielle très disponible qui explique largement l'explosion démographique du goéland argenté (Cadiou et al. 2002). Et donc, c'est encore l'étranger ibis responsable de nos malheurs…

- Le rapport stipule que « Les spatules et autres échassiers n'ont pas attendu la présence des ibis pour s'installer, voire prospérer, dans les zones humides de l'ouest de la France. » L'ibis doit donc être l'unique coupable. Allez comprendre !

- On peut aussi y lire : « Le caractère même de l'oiseau, qui est bien reconnaissable (forme du bec) et bien visible (blanc, assez gros), a fait suggérer à plusieurs personnes que les chasseurs pourraient être investis de la mission de régulation de l'espèce, par exemple tir à la passée ou dans les champs. Selon certaines personnes interrogées, cela leur permettrait d'améliorer leur image tout en travaillant en partenariat. » …preuve de cette étrange coalition politique.

- « La famille des Threskiornidés (à laquelle l'ibis fait partie) est particulièrement sensible aux persécutions et aux dégradations des milieux que ces espèces exploitent. » La logique voudrait donc qu'on le laisse en paix au vu de la diminution significative des zones humides.

- « Il se nourrit essentiellement en groupe, souvent en compagnie d'autres espèces comme des cigognes, des spatules et des aigrettes garzettes qu'il suit pour se nourrir des insectes que ces oiseaux dérangent (Hancock et al. 1992). » : sa survie dépend donc des autres oiseaux de nos marais et zones humides, d'où la symbiose observée sur nos côtes.

- « Plusieurs observations et suspicions de prédation sur des colonies d'oiseaux nous ont été rapportées. Il est difficile de trancher sur le caractère exceptionnel ou non de ce comportement de prédation (…). Il s'agit surtout de quelques individus spécialistes » : quelle analyse scientifique ! Elle ne peut que laisser pantois quant au choix d'éradiquer l'espèce…

- Arguments du même tonneau, on peut y lire, accrochez-vous bien, « l'ibis est apparu en plus grand nombre au moment de la crise de la vache folle, période où ils (les agriculteurs, ndlr) étaient très sensibilisés aux risques de transmission (FEMODEC, Fdgon44, comm. pers.). » A ce rythme-là, les ibis vont bien nous apporter des maladies extraterrestres.

- La proportion de couples reproducteurs ne représentait en 2004 que moins du tiers des effectifs totaux d'ibis. L'envahisseur n'est pas pressé de coloniser !

- Malgré toutes ces contradictions, la rentabilité d'une extermination éclair est mise en avant : « Le nombre relativement restreint d'oiseaux (environ 3 000 sur la France) supporte également la faisabilité d'une action radicale. Une décision rapide limiterait le coût à la fois pour les écosystèmes et pour la société. » (…) « Les oiseaux ne réagissent pas à la détonation d'une carabine, 2 ou 3 tireurs peuvent tuer 2 à 300 individus en une soirée pendant qu'une personne éclaire au phare les oiseaux. »

- Enfin, le rapport proposait d'autres voies intermédiaires ou complémentaires à l'extermination telles le parcage, la stérilisation ou encore le transfert en son milieu d'origine, les bords du Nil, où il a déjà été éradiqué ! Drôle de gestion tout de même dont le vocabulaire choquant n'est pas sans rappeler les charters pour nos ibis sans-papier, l'univers concentrationnaire, jusqu'à la solution finale comme ultime recours.

Non avares de contradictions, les auteurs mêmes du rapport sur lequel s'appuie le préfet de Loire-Atlantique mettent en évidence les dangers d'une intervention prématurée et l'impossibilité de mettre en oeuvre « une solution radicale » :

- L'enquête aborde sommairement la possibilité de stratégies plus « légères » sur l'espèce, tout en développant des études nécessaires à un réexamen de la situation avec « des connaissances scientifiques suffisantes au bout de 3 ou 4 ans. » N'est-ce pas l'aveu du manque d'appuis scientifiques ? D'ailleurs, il s'agit bien dans le rapport d'adopter d'abord la stratégie n°3 consistant à « réguler les impacts en limitant l'espèce sur quelques sites déterminés avec ou sans augmentation des connaissances scientifiques ».

- Un certain nombre d'inconvénients majeurs, aux conséquences irrémédiables, est notifié par des spécialistes dans l'étude : « le problème des modalités d'enlèvement des cadavres d'ibis tirés dans les colonies d'oiseaux protégés » ; « les actions sur les adultes au sein des colonies semblent a priori délicates dans la plupart des cas, du fait de la présence d'espèces protégées sensibles à proximité » ; la difficulté de ne pas effrayer tous les oiseaux…

- L'ibis sacré est un oiseau de la catégorie "C", il est intégré dans la très officielle liste des ' oiseaux de France '. Il serait donc en situation irrégulière ? Rêvons à l'application d'une nationalité bretonne sur les 5 départements bretons pour épargner l'écrasante majorité de ses effectifs européens ! ! !

Est-ce que des associations écologistes sont prêtes à collaborer sans aucune vergogne à une telle tuerie aveugle ? Au contraire, seront-elles motivées à travailler avec le Collectif pour la Protection de l'Ibis de Bretagne ?

Ensemble, résistons afin que soit annulée au plus vite la décision infondée d'éliminer tout ou partie de la population d'ibis habitant notre territoire.

Pour le Collectif pour la Protection de l'Ibis de Bretagne,

Varban Christov ; Bertrand Deléon

* La catégorie "C" rassemble à la fois les espèces introduites ou échappées de captivité en France métropolitaine depuis plusieurs années, qui ont fait souche et qui s'y maintiennent par leur propre reproduction en milieu naturel, sans apport supplémentaire d'origine humaine ; les espèces introduites ou échappées de captivité hors de France, qui répondent aux mêmes critères, et qui sont observées en France lors de leurs déplacements spontanés. Les espèces des catégories "A, B et C" forment la 'Liste des oiseaux de France'.

CPIB / Collectif pour la Protection de l'Ibis de Bretagne 4 straed ar Madobererezh / rue de la Bienfaisance 56 000 GWENED / VANNES

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