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- Communiqué de presse -
L’évolution démographique bretonne : il y a comme un problème
L’utilisation des derniers chiffres disponibles (2013) permet de prendre un peu de recul pour envisager l’évolution démographique de la Bretagne sur 14 ans. Que de changements !
comité de rédaction Par Construire la Bretagne le 19/07/16 16:10

L’utilisation des derniers chiffres disponibles (2013) permet de prendre un peu de recul pour envisager l’évolution démographique de la Bretagne sur 14 ans. Que de changements !

14 ans… C’est peu au regard de temporalités bien plus longues envisagées par d’autres études (1). Mais 14 ans, c’est beaucoup puisque les écarts se sont récemment creusés. En ce laps de temps, des territoires bretons ont souffert ou se sont dépeuplés quand d’autres ont vu leurs populations doubler ou tripler. Et tout n’est pas ici une affaire ou non de bonnes gestions communales, d’autant que l’essor démographique n’est pas forcément synonyme de qualité de vie. Comment analyser les évolutions démographiques ? Que retenir de cette carte de synthèse ?

Globalement, l’arbre démographique breton se porte bien. 4 millions d’habitants en 1999 mais 4,6 en 2013, soit 600.000 habitants de plus. Sur 14 ans, la Bretagne a gagné en moyenne 40.000 habitants par an. Il s’agit d’une des régions les plus attractives de France puisque l’essentiel des gains s’opère en lien avec un solde migratoire favorable, même si les gains d’espérances de vie aident à l’évolution.

À l’inverse, cette croissance ne profite pas également à toute la Bretagne. Certes, il est loin le temps où la Bretagne connaissait une catastrophe démographique (1,1 million de Bretons obligés de quitter le pays entre 1832 et 1962, 254.000 Bretons obligés de partir sur la seule période 1946-1954 !). Depuis 1968, le solde migratoire s’est retourné et la Bretagne dans son ensemble est attractive. Si le bleu clair est utilisé dans la carte pour accentuer la lisibilité, il faut insister sur le fait que cette catégorie de commune est démographiquement stable (-0,6 %) et même positive (jusqu’à + 6,6 %). Mais, sur la période, la moyenne bretonne est de + 15 %. Toute chose égale par ailleurs, cette carte de synthèse permet donc de repérer l’accélération de déséquilibres majeurs.

Le premier, bien sûr, est l’opposition renforcée entre la « haute » et la « basse » Bretagne. Les écrits scientifiques nous rappellent qu’il y avait en 1950 à peu près 500.000 habitants de moins en Basse Bretagne qu’en Haute Bretagne. Le chiffre a désormais presque triplé (1,4 million). À l’échelle régionale, personne ou presque ne pose la question de cette évolution majeure. Or, il faudra bien un jour politiquement s’y intéresser. Globalement, la carte montre à l’est comme un triangle isocèle de croissance, dont les trois pointes sont l’est lorientais (Hennebont-Kervignac-Languidic), l’arrière-pays malouin et le sud-est de la Loire-Atlantique. On observe de façon manifeste le poids des aménagements et par exemple des axes routiers dans cette évolution (l’axe Rennes-Saint-Malo, l’A 84, le lien Nantes-Ancenis ou l’axe Rennes-Nantes).

A l’inverse, le centre-ouest Bretagne est manifestement à l’écart. Entre RN 12 (Rennes-Brest), RN24 (Rennes-Ploërmel-Vannes) et RN 165 (Quimper-Nantes), il existe comme un enclos faiblement dynamisé. Au-delà des routes qui sont loin d’expliquer l’ensemble, les écarts entre des villes de taille comparable sont frappants. Si Brest était plus peuplée et dynamique que Rennes en 1800, il n’y a plus aujourd’hui photo. Il en va de même entre Quimper et Vannes. Et ne parlons pas de Lorient et notamment de son secteur ouest, de Morlaix, des situations très difficiles rencontrées par une collection de villes moyennes ou petites de Basse Bretagne (Carhaix, Douarnenez, Landivisiau, Rostrenen, Gourin...). Le constat, réalisé il y a une décennie, s’est accéléré. La prime accordée aux métropoles de l’est suscite une périurbanisation toujours plus lointaine avec l’émergence des troisièmes couronnes nantaises, rennaises, voire brestoises. Comme annoncé, le peuplement s’accélère dans les zones rétro-littorales (arrière-pays de Vannes, de Saint-Malo, voire de Lannion et de Paimpol) alors que les villes centres sont à la peine. Saint-Malo a perdu plus de 5.500 habitants en 15 ans (de 50.675 habitants à 44.919). Douarnenez ou Paimpol plus de 10 % de leur population.

Au déclin des centres classiques, s’associe souvent la déferlante périurbaine, ce qui pose bien sûr le problème du gâchis d’espace, de l’héritage architectural laissé par notre époque, la question de l’équilibre urbain breton, plus largement celle du projet de société breton. On ne cesse de prôner les mobilités douces et l’on bâtit de plus en plus au loin des métropoles. C’est-à-dire dans des communes où les transports publics sont introuvables ou très difficilement trouvables. Le déclin de nombreuses communes littorales est très frappant et ne parlons pas des îles qui connaissent une situation d’ensemble catastrophique puisque seule Belle-Île s’en sort, lorsque toutes les autres perdent des habitants (- 2 % à Groix, - 6 % à Ouessant, - 11 % à Sein, - 14 % à Batz, - 26 % à Houat, - 36 % à Molène…). Souvent, le renchérissement du foncier fait fuir la population permanente et le littoral devient inhabitable pour les jeunes. Surtout, ce déclin d’ensemble du liseré littoral traduit l’immense carence du projet maritime breton.

La Bretagne ne voit plus que par la terre et les grands projets sont presque tous localisés à l’est (le TGV, l’aéroport…). Elle est en train d’oublier sa génétique maritime qu’a provisoirement relancée Alexis Gourvennec, qu’avait voulu mettre en place le CELIB en lançant en 1973 l’arc Atlantique. Aujourd’hui, Combiwest a été volontairement planté et les projets intéressants sur le seul port de Brest auront des difficultés à renverser la tendance. En réalité, la Bretagne n’a pas de réelle stratégie maritime, comme l’illustre la situation littorale de la presqu’île de Crozon, du cap Sizun, du pays bigouden, du Léon autour de Morlaix, du pays de Dol, du Trégor-Goélo… Ce n’est pas parce qu’on réalise une poignée d’hydroliennes qu’on a un projet maritime. Si ces opérations pilotes sont vertueuses et annoncent peut-être des lendemains qui chantent, il serait temps d’en revenir à des fondamentaux, à l’histoire de la Bretagne, aux veines d’activités qui ont porté son développement.

Deux éléments sont essentiels. La Bretagne a toujours été prospère lorsqu’elle était maritime et lorsque l’armor et l’argoat se soudaient. Aujourd’hui, autour de la valorisation de nouveaux produits (les algues par exemple), des chefs d’entreprises aimeraient retrouver cette dynamique qui, par exemple au XVIIe siècle, a toujours fait la prospérité bretonne. Or, le fait est que cette vision n’est pas suffisamment partagée par l’ensemble des pouvoirs en place. Certes, la région a promu la glaz économie et fait parfois ce qu’elle peut pour redynamiser l’armor. Toutefois, une très large part des espèces sonnantes et trébuchantes reste allouée à des projets de finalité terrienne, avec des métropoles bretonnes, et plus largement françaises, qui doivent être les dernières au monde à confondre le critère de taille et celui de performance (2). Des problèmes clés d’acceptabilité ne sont pas résolus pour autoriser le développement économique de l’armor et non sa mort programmée dans une économie de villégiature. Ici, des chefs d’entreprise ne disposent que d’une heure pour ramasser les algues et doivent donc les importer de Vendée pour faire marcher leurs usines. Ailleurs, des projets voulant valoriser les fantastiques ressources maritimes sont bloqués pour l’essentiel par des riverains qui défendent leurs intérêts propres et non l’intérêt de la Bretagne. Certes, il ne s’agit en aucun cas de faire n’importe quoi avec la mer et chaque projet doit être l’enjeu d’une négociation complexe, au cas par cas. Mais aujourd’hui, la Bretagne délaisse trop les dynamiques océaniques. Si les options prises à l’est du pays sont utiles à l’est et aident naturellement à l’essor de la Bretagne, il lui manque aujourd’hui un projet de rééquilibrage armor-argoat. Ce n’est pas faute de l’avoir évoqué (3). Mais il en va de l’avenir de l’équilibre régional et de la Basse Bretagne. Cette dernière a commencé à se marginaliser dès que la Bretagne a oublié sa vocation maritime, plus exactement sa fonction qui est de marier l’armor et l’argoat. « Warc’hoazh marteze e vo sklaeroc’h an amzer ». Demain la situation s’améliorera peut-être. Encore faut-il, en lien avec les forces vives du territoire, qu’un projet territorial émerge. Où est-il ? Il est encore temps d’agir mais l’originalité territoriale bretonne est aujourd’hui à la peine. Où est, aujourd’hui, « l’ambition nouvelle » (4) évoquant un avenir collectif pour le territoire breton ?

Le Comité de rédaction de Construire la Bretagne

1. (voir le site) Voir aussi Bretagne, 150 ans d’évolution démographique, Presses Universitaires de Rennes, 2005, 368 p.

2. Voir entre autres : (voir le site) A noter aussi le projet urbain polycentrique de la Suisse de façon à ne pas ruiner la qualité de vie urbaine par la présence de villes trop importantes qui multiplient les « externalités négatives » (congestion, temps consacré aux déplacements, prix du foncier, pollution…). Il n’existe dans le monde strictement aucun critère permettant d’associer la taille des villes à leurs dynamismes.

3. (voir le site)

4. CELIB Bretagne : une ambition nouvelle, Presses Universitaires de Bretagne, 1971.

Voir aussi :
Cet article a fait l'objet de 2119 lectures.
Construire la Bretagne Pour des régions citoyennes La Bretagne reconstituée avec ses 5 départements et le développement de coopérations avec les régions voisines, sont au c½ur de notre préoccupation. (voir le site)
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Vos 5 commentaires :
An Floc'h Le Mercredi 20 juillet 2016 18:35
A l'heure actuelle, les trajets quotidiens Nantes-extérieur les plus importants se font avec Cholet. La libération du foncier autour de Nantes-Atlantique permise par la suppression des vols commerciaux ne fera qu'accentuer le phénomène.
C'est pourquoi, n'importe quel breton revendiqué censé se doit d'être contre le projet à NDDL. Certains, en particulier ceux du centre-droit-démocrate-chrétien très présents sur l'ABP, pensent à une décentralisation, à un développement économique et autres miroirs aux alouettes. Ce sont des idiots utiles. Ils ne doivent d'ailleurs pas bien connaître Nantes. La fermeture de NA aux vols commerciaux est l'arrêt de mort de la Bretagne, puisqu'après cela, les habitants du 44 se sentant bretons seront minoritaires (s'ils ne le sont pas déjà... plus de la moitié des néo-nantais sont parisiens, 1/4 des PdL), et si c'est par Nantes que la Bretagne en tant qu'entité politique est née (deux fois), c'est aussi par Nantes que le Royaume puis la République de France cherchent à la tuer. Sous couvert de pragmatisme ou, pire et bien plus souvent, de posture antigauchiste primaire, des Bretons sont témoins d'une date clef dans l'agonie bretonne, ne s'en rendent même pas compte et applaudissent. Et qu'on ne vienne pas sortir l'autre mondialo-capitaliste Le Duff. Qui sait que la Brioche Dorée est une entreprise bretonne ? Rien dans ses menus ne le rappellent. Les entrepreneurs bretons soutenant le projet NDDL se moquent de la Bretagne et de son avenir. Ils n'ont qu'une patrie: l'argent. La Bretagne, c'est, comme toute nation, d'abord une terre et un peuple. Elle vend, encore, une partie de sa terre. A la suite de quoi, elle va accueillir une part énorme d'une population qui se moque de la question bretonne. Depuis la création des PdL, c'est le coup le plus terrible portée à la Bretagne. Et nombre de ses soi-disants défenseurs s'en réjouissent. Les imbéciles.
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TY JEAN Le Jeudi 21 juillet 2016 18:18
Comme vous le dites,la Bretagne doit faire face à l'arrivée de 40 000 habitants de plus par an.C'est énorme ! ceci pose de graves problèmes tant en terre consommée jusqu'à plus soif, qu'en problèmes divers. Ajoutons qu'une grande partie de ces nouveaux arrivants ne sont que des retraités sans aucune attache d'origine bretonne.Ils se moquent complètement de notre culture, voire de notre passé ou Histoire.Certains se montrent même de farouches opposants au bilinguisme.La Bretagne peut-elle continuer ainsi à recevoir un si important sinon inquiétant contingent de nouveaux arrivants sans de graves conséquences économiques et problèmes pour son environnement ?
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Luigi Barsagli Le Jeudi 21 juillet 2016 20:04
La Carte parle d'elle-même...on peut d'ailleurs franchement se poser la question de la pertinence d'une représentation cartographique sur 5 départements sans présenter (ne serait-ce qu'en dégradé (couleurs moins vives par exemple)) le reste aux alentours- au moins pour pouvoir comparer. Sachant qu'il est évident que l'évolution démographique à l'Est est en partie conditionnée au découpage régional et à la position de Rennes et Nantes dans chacune des Régions.
Il serait particulièrement intéressant également de faire une carte de densité, par communes ou aux cantons (ancienne version) à partir des recensements connus depuis 2 siècles et demis. J'avais déjà signalé qu'au moment de la création des départements (et donc la fin de la Bretagne à 5 départements), les Côtes du Nord et le Finistère étaient clairement les départements les plus peuplés (plus largement la Basse-Bretagne et plus particulièrement : le Nord de la Basse-Bretagne), tandis que la Loire-Inférieure était le moins peuplé. Aujourd'hui le premier est le dernier et le premier le dernier, de loin, de très loin.
C'est une évolution majeure en Bretagne car précédemment pendant des siècles, la situation était assez stable. Nantes et Rennes n'ont jamais été de très grandes villes jusqu'à une période très récente. Leur statut en Bretagne à l'époque du Duché étant beaucoup plus lié à leur position géographique par rapport à la France et a un parti pris francophone de la dynastie capétienne Dreux-Montfort qu'à un grand dynamisme démographique.
Je souscris totalement à l'analyse d'An Floc'h. On voit d'ailleurs déjà les effets du projet d'aéroport sur la zone allant de Nantes-St Nazaire qui au lieu d'être l'épicentre de la croissance démographique est une zone de croissance très moyenne, voire faible par rapport à l'ensemble du département. Après ne nous faisons pas d'illusions, plus Nantes sera en croissance, plus il est évident que les territoires alentours, notamment au Sud-Loire (en 1532 il n'y avait qu'un pont reliant le Sud-Loire au reste de la Bretagne) connaitront une croissance démographique. C'est le vignoble et Nantes-Atlantique qui ont limités ce phénomène jusqu'ici. On peut s'apercevoir par ailleurs que les territoires vendéens et des Mauges situés directement dans l'orbite de Nantes affirment de plus en plus farouchement leur caractère vendéen ou angevin (création par exemple de la commune d'Orée d'Anjou, dans l'Aire urbaine de Nantes).
L'effet pervers de tout cela est outre une probable dilution renforcée de l'identité bretonne du 44 est à mon avis un décrochage complet en Bretagne administrative par rapport à la question de la réunification...moi je suis de moins en moins convaincu qu'un Oui sur B5 l'emporterait en B4, grosse défiance par rapport à Nantes dont l'évolution ne fait pas spécialement rêver en fait et dont le caractère breton devient de plus en plus contestable politiquement parlant (qui adhère à ce projet en 44...De Rugy ?? Il l'oubliera au premier secrétariat d'Etat venu).
Quant à une fusion B4 avec les PdlL elle n'est juste pas concevable tant cela irait radicalement contre le bon sens et l'ensemble des intérêts bretons quel que soit le positionnement politique ou l'origine géographique d'ailleurs.
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René Le Honzec Le Vendredi 22 juillet 2016 00:13
La vocation maritime de la Bretagne? Faudrait peut-être se souvenir que nous sommes "français", soumis aux règles européennes. Vous voudriez une marine marchande avec des officiers/matelots du tiers-monde? Une nouvelle marine de guerre (on l'a, cf nos arsenaux)? Une flotte de pêche (cf. Bruxelles)?
Hag aveid en Eutru An Duff, komzet em-es é brezhoneg pe oen é labourad geton (Bro-Léon, ean...). Ean des greit ur bochad labour ged nétra abenn-ketan. Ha chetu ean breman ged usineù-boulanjerezh Bridor de Saint-Servon a-houdé 1988, ged 900 labourer (hag eùé ar-dro de Laval, é-tal Breizh, memestra!). Aveid moned pelloh, penaos gober a-nez moned é lezh arall (Canada, Stateu- Unianed, Jordania...)? Ha chetu breman e zo bet sez er strollad é Roazhon ( Alma).
Ha hwi, An Floc'h, petra ho-pes greit?
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Luigi Barsagli Le Vendredi 22 juillet 2016 12:22
@ Ty-Jean "Ajoutons qu'une grande partie de ces nouveaux arrivants ne sont que des retraités sans aucune attache d'origine bretonne."
Je pense que c'est surtout valable pour le Golfe du Morbihan et le littoral.
Pour l'Ille-et-Vilaine et la Loire-Atlantique c'est différent, je ne pense pas que la croissance soit principalement liée aux retraités mais plutôt aux actifs, des familles avec enfants, trentenaires/quadras dont la majorité vient d'Ile-de-France, d'Anjou et Vendée pour la Loire-Atlantique . En Ille-et-Vilaine je pense qu'il y a beaucoup de bretons des 3 autres départements de la Région qui s'y installent, c'est sans doute la principale différence avec le 44.
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